Le milieu littéraire parisien est secoué par une affaire de propos sexistes qui opposait l’écrivain François Bégaudeau à l’historienne Ludivine Bantigny. Ce lundi, le tribunal correctionnel de Paris a finalement relaxé l’auteur, tout en qualifiant ses propos d’« indéniablement empreints de sexisme ».

Retour sur l’affaire Bégaudeau

Tout commence en 2020, quand François Bégaudeau écrit sur le forum de son site internet deux phrases choc au sujet de Ludivine Bantigny : « Dans le milieu radical parisien, Ludivine est connue pour être jamais la dernière. Tous les auteurs de La Fabrique lui sont passés dessus, même [Geoffroy de] Lagasnerie ». Des propos que l’historienne juge diffamatoires et pour lesquels elle porte plainte.

Devant le tribunal, l’écrivain a plaidé le « gag » et la simple « faute de goût ». Mais pour Ludivine Bantigny, ces mots ont eu l’effet d’une « souillure », la faisant passer pour « un paillasson sur lequel les hommes passent ».

Une « affirmation inélégante » mais pas diffamatoire

Si le tribunal a reconnu le caractère sexiste des propos de François Bégaudeau, il a cependant estimé que « faute de renvoyer à un fait précis, les propos incriminés ne revêtent pas les caractéristiques de la diffamation ». Dans son jugement, la 17e chambre correctionnelle évoque une « affirmation inélégante (…) sur un registre obscène » visant à « rabaisser Ludivine Bantigny, en tant que femme, au regard de sa disponibilité sexuelle exacerbée ».

François Bégaudeau cherche à rabaisser Ludivine Bantigny, en tant que femme, au regard de sa disponibilité sexuelle exacerbée.

Extrait du jugement du tribunal correctionnel de Paris

Au final, l’écrivain est relaxé et les deux plaignantes, Ludivine Bantigny et l’association féministe Chiennes de garde, sont déboutées. Une décision qui fait réagir dans le milieu littéraire, certains y voyant un recul dans la lutte contre le sexisme.

Quand le sexisme s’invite dans la littérature

Cette affaire met en lumière la persistance de comportements et propos sexistes dans le monde des lettres. Malgré une prise de conscience croissante ces dernières années, le chemin semble encore long pour atteindre une réelle égalité et un respect mutuel entre autrices et auteurs.

Il est crucial que les instances littéraires, les maisons d’édition et les auteurs eux-mêmes s’emparent du sujet. Cela passe par une vigilance de tous les instants, un travail d’éducation mais aussi des sanctions claires en cas de dérapage.

Car au-delà de l’aspect légal, c’est bien d’une question éthique et morale dont il s’agit. Les mots ont un poids et une portée qui peuvent blesser durablement. À l’heure où la parole des femmes se libère, il est plus que jamais nécessaire que le milieu littéraire montre l’exemple en bannissant toute forme de sexisme et de dénigrement. Pour que la littérature reste cet espace de liberté, de créativité et d’humanisme qu’elle a toujours été.

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Steven Soarez
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