Imaginez arriver dans un pays inconnu, diplôme en poche, rêves plein la tête, et vous retrouver face à un mur de formulaires interminables, de jargon juridique incompréhensible et de factures d’avocats qui font tourner la tête. C’est le parcours du combattant que vivent des millions d’immigrants chaque année aux États-Unis. Et si une intelligence artificielle pouvait transformer ce cauchemar en simple formalité ?
C’est exactement la mission que s’est donnée Bisi Obateru, un entrepreneur nigérian qui a lui-même galéré pendant des années pour obtenir son visa H-1B puis sa green card. De cette expérience douloureuse est née JustiGuide, une plateforme qui promet de rendre l’immigration américaine accessible, rapide et surtout beaucoup moins chère.
JustiGuide : l’IA qui parle immigration mieux que beaucoup d’avocats
L’idée est simple sur le papier, révolutionnaire dans les faits : créer un assistant juridique spécialisé capable de comprendre la situation personnelle de chaque immigrant, d’identifier les meilleures options de visa et de préparer les dossiers en un temps record.
Au cœur du système trône Dolores, une IA entraînée spécifiquement sur le droit de l’immigration américain. Et quand on dit spécifiquement, on pèse nos mots.
Dolores a été nourrie avec plus de 40 000 décisions de justice provenant du Free Law Project, des milliers de pages de réglementations USCIS, et des données constamment mises à jour. Résultat ? Elle connaît les subtilités du système mieux que la plupart des avocats généralistes.
« Plus on rend la technologie accessible, plus les gens seront capables de remplir eux-mêmes leurs formulaires et de comprendre leurs options réelles. Les avocats ne serviront plus qu’à la relecture finale. »
Bisi Obateru, fondateur de JustiGuide
Une plateforme pensée pour les immigrants, par un immigrant
Ce qui rend JustiGuide particulièrement touchant, c’est que son créateur connaît la douleur de ses utilisateurs. Bisi Obateru se souvient encore de ses nuits blanches à décrypter des formulaires I-129 ou I-140, de ses rendez-vous à 800 dollars de l’heure avec des avocats qui semblaient parfois aussi perdus que lui.
Il a donc conçu une interface où l’on peut littéralement discuter avec l’IA dans sa langue maternelle. Douze langues sont déjà disponibles, et d’autres arrivent. Vous tapez votre situation en espagnol, en mandarin, en hindi ou en français ? Dolores vous répond dans la même langue, avec des explications claires et des recommandations précises.
- Étudiant étranger qui veut créer sa startup après son OPT ?
- Fondateur de startup qui doit sponsoriser un employé génial ?
- Conjoint d’Américain coincé dans les délais de traitement ?
- Ingénieur en H-1B qui rêve de green card sans attendre 15 ans ?
JustiGuide a une réponse adaptée pour chacun.
Comment ça marche concrètement ?
La plateforme se décompose en trois piliers principaux qui travaillent en synergie.
D’abord, l’assistant de recherche juridique. Vous décrivez votre situation (âge, pays d’origine, niveau d’études, expérience professionnelle, situation familiale…) et Dolores vous sort toutes les options possibles, classées par ordre de probabilité de succès et de rapidité de traitement. Elle vous indique même les pièces justificatives nécessaires et les risques potentiels.
Ensuite, le système de mise en relation avec des avocats spécialisés. Mais attention : ici, l’avocat n’a plus à tout faire de zéro. JustiGuide pré-remplit les formulaires, organise les documents, prépare les lettres de recommandation types. L’avocat n’intervient que pour la validation finale et la représentation officielle. Résultat ? Des honoraires divisés par trois ou quatre en moyenne.
Enfin, un espace sécurisé où tout est chiffré et hébergé en local. Parce que quand on parle immigration, la confidentialité n’est pas négociable.
Des chiffres qui parlent
En quelques mois seulement, JustiGuide revendique déjà 47 000 utilisateurs actifs. Et la croissance est exponentielle.
| Type d’utilisateur | Part dans la base | Gain de temps moyen |
| Fondateurs de startups | 38 % | 6 à 8 mois |
| Étudiants internationaux | 29 % | 4 à 6 mois |
| Titulaires H-1B | 22 % | 12 à 18 mois |
| Cabinets d’avocats | 11 % | 70 % de productivité |
Et le plus beau ? La startup a remporté le prix du meilleur pitch dans la catégorie Policy + Protection lors du dernier TechCrunch Disrupt. Quand on sait la concurrence féroce, ça veut tout dire.
Dolores : une IA pas comme les autres
Le nom Dolores n’a pas été choisi au hasard. Les fans de Westworld reconnaîtront la référence à la première IA consciente. Chez JustiGuide, c’est un clin d’œil assumé : leur IA est conçue pour comprendre la souffrance et les espoirs des immigrants.
Mais au-delà du nom poétique, c’est surtout une prouesse technique. Dolores est capable de :
- Analyser des milliers de cas similaires au vôtre pour prédire les chances de succès
- Détecter les erreurs classiques qui font refuser 40 % des dossiers
- Adapter sa réponse au ton et au niveau de compréhension de l’utilisateur
- Traduire instantanément les documents officiels dans votre langue
Au début, l’équipe allait même jusqu’à scraper les groupes Facebook et Reddit d’immigrants pour proposer de l’aide directement. Une méthode… disons créative, mais qui a permis de sauver des milliers de personnes coincées dans des situations désespérées.
Vers une démocratisation du droit ?
JustiGuide ne s’arrête pas aux États-Unis. Bisi Obateru a déjà dans le viseur le Canada, l’Australie, le Royaume-Uni et plusieurs pays européens. L’idée : créer un Dolores global capable de maîtriser les systèmes d’immigration du monde entier.
Mieux encore : la startup est en train de s’enregistrer comme cabinet d’avocats. Objectif ? Pouvoir représenter directement ses utilisateurs devant l’USCIS, sans intermédiaire. Une petite révolution dans le monde très fermé de l’immigration law.
Et pourquoi pas, un jour, voir des gouvernements licencier cette technologie pour leurs propres services d’immigration ? Imaginez remplir votre demande de visa sur le site officiel… avec Dolores qui vous guide pas à pas.
« Les immigrants peuvent arriver et parler dans leur langue maternelle pour comprendre quel pourrait être leur parcours d’immigration. »
Bisi Obateru
Les défis à venir
Tout n’est pas rose pour autant. Le droit de l’immigration reste un domaine ultra-réglementé. Peut-on vraiment faire confiance à une IA pour des décisions qui engagent toute une vie ? Les barreaux d’avocats américains regardent déjà JustiGuide avec suspicion.
Et puis il y a la question de l’équité. Si demain tout le monde peut déposer un dossier parfait grâce à l’IA, est-ce que ça ne va pas saturer encore plus le système ? Ou au contraire forcer les autorités à traiter les dossiers plus rapidement ?
Quoi qu’il en soit, une chose est sûre : JustiGuide fait partie de ces rares startups qui ne cherchent pas juste à disrupter un marché. Elles veulent changer la vie de millions de personnes. Celles qui, comme Bisi Obateru il y a quelques années, n’ont que leur talent et leurs rêves à offrir à un pays qui a désespérément besoin d’eux.
Et ça, ça mérite largement qu’on suive leur aventure de très près.
Parce qu’au fond, l’histoire de JustiGuide n’est pas seulement celle d’une énième legaltech. C’est l’histoire d’un immigrant qui a décidé que plus personne ne devrait vivre ce qu’il a vécu.
Et quelque part, c’est la plus belle définition du rêve américain qui soit.
