Tout n’est pas rose. Refonder, c’est aussi :
- Perdre une partie des talents historiques qui ne veulent plus vivre l’intensité des débuts
- Risquer de déboussoler les clients actuels
- Faire peur à certains investisseurs frileux
- Donner l’impression qu’on a gâché les années précédentes
Mais ceux qui réussissent (et pour l’instant, les trois exemples cités sont sur une trajectoire ascendante) prouvent que le jeu en vaut la chandelle.
Et vous, est-ce le moment de refonder votre startup ?
Voici quelques questions à vous poser en toute honnêteté :
- Votre produit principal a-t-il plus de 5 ans et ressemble-t-il encore à ce qu’il était à la Série A ?
- L’IA pourrait-elle rendre 80 % de votre valeur ajoutée obsolète dans les 18 prochains mois ?
- Vos meilleurs ingénieurs passent-ils plus de temps en réunion qu’à coder ?
- Lorsque vous parlez de votre vision en interne, les gens ont-ils encore les yeux qui brillent ?
Si vous avez répondu oui à au moins deux de ces questions… il est peut-être temps de sortir le mot qui fait trembler les conseils d’administration.
Refonder une startup n’est pas une décision légère. C’est un pari fou, un retour volontaire dans la tranchée alors qu’on pourrait continuer à toucher un gros salaire en mode « gestion de patrimoine ».
Mais dans un monde où une technologie peut vous rendre obsolète en un week-end, rester immobile est souvent le choix le plus risqué.
Alors, prêt à appuyer sur le bouton « reset » ?
Vous avez déjà vu une licorne mourir et renaître le lendemain, plus forte, plus rapide, et surtout… avec la même valorisation à neuf chiffres ? Moi non plus, jusqu’à récemment. Pourtant, en 2025, plusieurs startups stars d’hier annoncent tour à tour qu’elles se « refondent ». Le mot fait le buzz. Mais derrière le terme marketing se cache une réalité bien plus brutale – et passionnante.
Le « refounding », ou comment repartir de zéro sans tout perdre
Imaginez : votre entreprise compte des centaines de salariés, des bureaux partout dans le monde, des investisseurs qui ont mis des centaines de millions… et un matin, vous annoncez à tout le monde que vous repartez « comme au premier jour ». C’est exactement ce qu’ont fait Airtable, Handshake et Opendoor ces derniers mois.
Le terme « refounding » n’est pas nouveau – on le doit notamment à Brian Chesky d’Airbnb qui l’avait utilisé en 2020 – mais il revient en force avec l’explosion de l’intelligence artificielle. Quand votre produit historique commence à dater et que ChatGPT rend tout obsolète en six mois, il faut réagir. Vite.
Airtable : « Ce n’est pas un pivot, c’est une refondation »
Howie Liu, CEO et cofondateur d’Airtable, l’a dit sans détour au New York Times : « Nous aurions pu simplement ajouter des fonctionnalités IA à la plateforme existante. Au lieu de ça, nous avons choisi de traiter cela comme un moment de refondation. »
« Les enjeux sont les mêmes que le jour où nous avons fondé la société. »
Howie Liu, CEO d’Airtable
Concrètement ? Airtable abandonne progressivement l’image de « Excel dopé aux stéroïdes » pour devenir une véritable plateforme d’applications alimentées par l’IA. Les anciennes fonctionnalités restent, mais toute la vision produit a été repensée autour de l’agentivité et de l’automatisation intelligente.
Résultat : les équipes produit ont été réorganisées en petites unités ultra-autonomes, les OKR ont été jetés à la poubelle au profit d’une culture « day one » à nouveau, et l’entreprise recrute massivement des ingénieurs spécialisés en modèles de langage.
Handshake impose le retour au bureau… cinq jours sur cinq
Chez Handshake, la plateforme d’emploi pour étudiants, le message est encore plus cash. Katherine Kelly, chief marketing officer, explique vouloir « ramener la culture startup dans une entreprise qui a grandi trop vite ».
Traduction : fin du télétravail à 100 %, tout le monde revient au bureau cinq jours par semaine. Pourquoi ? Parce que, selon elle, l’intensité et le rythme d’une startup ne peuvent pas survivre en full remote quand on veut tout casser avec l’IA.
Le ton est donné : on accepte ou on part. Plusieurs dizaines de salariés ont choisi la deuxième option. Ceux qui restent savent qu’ils signent pour une aventure bien plus intense que les années fastes post-IPO avortée.
Opendoor, ou le phénix de l’immobilier tech
Opendoor a peut-être été le cas le plus spectaculaire. Après avoir frôlé la faillite en 2022-2023 avec l’effondrement du marché immobilier, la société a annoncé en 2025 une refondation totale autour… devinez quoi ? L’intelligence artificielle, bien sûr.
Nouveau modèle : au lieu d’acheter et revendre des maisons (iBuying), Opendoor devient une plateforme d’agents augmentés par IA. Les agents immobiliers traditionnels utilisent désormais les algorithmes d’Opendoor pour fixer les prix, prévoir les tendances de quartier et même générer automatiquement les visites virtuelles.
En six mois, l’entreprise est passée de « zombie company » à chouchou des investisseurs spécialisés en IA appliquée.
Pourquoi maintenant ? Les 4 grandes raisons du refounding
- L’IA change tout, tout le temps. Une technologie avance si vite que rester sur un produit de 2018, c’est mourir à petit feu.
- La culture startup s’étiole. Après 5-10 ans, les processus, les couches de management et l’inertie tuent l’innovation.
- Les investisseurs adorent les « deuxième actes ». Un founder qui a déjà fait ses preuves et qui repart avec une vision neuve ? C’est le Graal.
- Le marché récompense l’audace. En 2025, les valorisations grimpent pour ceux qui osent tout changer plutôt que de vivoter.
Refonder ou pivoter : quelle différence ?
Pivoter, c’est admettre qu’on s’est trompé sur un axe majeur (marché, produit, business model). Refonder, c’est dire : « On avait raison à l’époque, mais l’époque a changé, donc on recommence avec la même énergie qu’au début. »
C’est une question de storytelling, bien sûr, mais aussi de psychologie interne. Appeler ça un pivot aurait démotivé les troupes. Parler de refondation redonne le sentiment d’une aventure héroïque.
Les risques d’une refondation ratée
Tout n’est pas rose. Refonder, c’est aussi :
- Perdre une partie des talents historiques qui ne veulent plus vivre l’intensité des débuts
- Risquer de déboussoler les clients actuels
- Faire peur à certains investisseurs frileux
- Donner l’impression qu’on a gâché les années précédentes
Mais ceux qui réussissent (et pour l’instant, les trois exemples cités sont sur une trajectoire ascendante) prouvent que le jeu en vaut la chandelle.
Et vous, est-ce le moment de refonder votre startup ?
Voici quelques questions à vous poser en toute honnêteté :
- Votre produit principal a-t-il plus de 5 ans et ressemble-t-il encore à ce qu’il était à la Série A ?
- L’IA pourrait-elle rendre 80 % de votre valeur ajoutée obsolète dans les 18 prochains mois ?
- Vos meilleurs ingénieurs passent-ils plus de temps en réunion qu’à coder ?
- Lorsque vous parlez de votre vision en interne, les gens ont-ils encore les yeux qui brillent ?
Si vous avez répondu oui à au moins deux de ces questions… il est peut-être temps de sortir le mot qui fait trembler les conseils d’administration.
Refonder une startup n’est pas une décision légère. C’est un pari fou, un retour volontaire dans la tranchée alors qu’on pourrait continuer à toucher un gros salaire en mode « gestion de patrimoine ».
Mais dans un monde où une technologie peut vous rendre obsolète en un week-end, rester immobile est souvent le choix le plus risqué.
Alors, prêt à appuyer sur le bouton « reset » ?