Imaginez un investisseur, café en main, scrutant un tableau de bord où les chiffres dansent et les décisions pèsent lourd. Dans le monde du capital-risque, une question brûle les lèvres en 2025 : faut-il vendre ses parts dans une startup prometteuse dès les premières étapes, ou attendre le mythique home run qui pourrait tout changer ? Cette tension, entre liquidité immédiate et potentiel à long terme, redéfinit les règles du jeu pour les investisseurs en phase d’amorçage.

Une Nouvelle Ère pour le Capital-Risque

Le paysage du seed investing a changé. Autrefois, les investisseurs en phase d’amorçage pouvaient se permettre d’attendre sept à huit ans pour voir leurs paris porter leurs fruits. Aujourd’hui, les limited partners (LPs), ces acteurs clés qui financent les fonds de capital-risque, veulent des résultats plus rapides. Pourquoi ? Les rendements réguliers des dernières années se sont taris, et les alternatives d’investissement plus liquides, comme les marchés publics, attirent davantage.

Un exemple concret illustre ce virage. Charles Hudson, figure respectée du capital-risque avec plus de 20 ans d’expérience, a récemment partagé une réflexion troublante. À la demande d’un de ses LPs, il a analysé ce qui se serait passé s’il avait vendu toutes ses participations à différents stades : Series A, B ou C. Les résultats ? Vendre au stade de la Series B aurait généré un fonds avec un rendement supérieur à 3x. Pas mal, non ?

“Vendre tout à la Series B pourrait générer un fonds à plus de 3x. Et je me suis dit : c’est plutôt pas mal.”

Charles Hudson, Precursor Ventures

Pourquoi Vendre Plus Tôt ?

La pression pour liquider plus tôt vient de plusieurs fronts. D’abord, les LPs, comme les fonds de dotation universitaires, font face à des défis inédits. Prenons l’exemple des grandes universités américaines : certaines subissent des enquêtes fédérales, des restrictions sur les financements de recherche, ou encore des pressions pour augmenter leurs dépenses annuelles. Ces contraintes rendent les engagements à long terme dans le capital-risque moins attrayants.

Ensuite, le marché lui-même évolue. Les méga-fonds, comme Sequoia ou General Catalyst, peuvent se permettre d’attendre des sorties colossales, parfois évaluées à plusieurs dizaines de milliards. Mais pour les fonds plus modestes, comme Precursor Ventures, la donne est différente. Ils doivent être tactiques, optimisant chaque opportunité pour générer des liquidités.

  • Attentes des LPs : Ils veulent des retours rapides, même au détriment de rendements maximums.
  • Concurrence accrue : Les alternatives liquides, comme les ETF ou les cryptomonnaies, attirent les capitaux.
  • Complexité accrue : Gérer un portefeuille demande désormais des compétences proches de celles des gestionnaires de private equity.

Un Changement de Mentalité

Pour les investisseurs comme Hudson, ce virage impose un changement de paradigme. Traditionnellement, le venture capital était un art : identifier les pépites, croire en des fondateurs atypiques, et attendre patiemment que la magie opère. Aujourd’hui, il ressemble davantage à une science, où la gestion active du portefeuille devient cruciale. Hudson le résume bien : “On commence à ressembler à des gestionnaires de private equity.”

Ce n’est pas sans douleur. Les startups qui attirent le plus d’intérêt pour des ventes secondaires sont souvent celles avec le plus fort potentiel. Vendre tôt, c’est renoncer à une possible licorne. Pourtant, la réalité économique pousse à agir. Les fonds comme Industry Ventures observent une professionnalisation croissante : certains fonds recrutent même des équipes dédiées à la recherche de liquidité.

“Les fonds deviennent plus malins sur ce qu’il faut faire pour générer de la liquidité.”

Hans Swildens, Industry Ventures

Les Pépites Atypiques : Un Avantage Concurrentiel

Dans ce contexte, les fonds comme Precursor Ventures se distinguent en misant sur des fondateurs hors normes. Prenons Bobbie, une startup de lait infantile bio fondée par Laura Modi, une entrepreneuse solo dans un secteur réglementé, sans expérience préalable. Ou encore Rad AI, dirigée par Doktor Gurson, dont la précédente startup avait échoué. Ces choix audacieux ont porté leurs fruits, mais ils exigent une vision à long terme que les pressions actuelles compliquent.

Les grands fonds, eux, adoptent une approche plus algorithmique. Ils ciblent des profils stéréotypés : diplômés des meilleures écoles, passés par des entreprises prestigieuses. Cette méthode permet de déployer rapidement des capitaux, mais elle passe à côté des “weird and wonderful”, ces entreprises atypiques qui font souvent la différence.

Les Défis des Petits Fonds

Les petits fonds, comme celui de Hudson, doivent jongler avec des attentes contradictoires. Certains LPs veulent des liquidités rapides, même si cela signifie sacrifier des rendements futurs. D’autres préfèrent attendre, convaincus que la patience paiera. Cette dualité oblige à une gestion sophistiquée, loin de l’intuition qui guidait autrefois les décisions.

StratégieAvantagesInconvénients
Vendre à la Series ALiquidité rapidePerte de potentiel à long terme
Vendre à la Series BBon équilibre rendement/liquiditéRisque de manquer une licorne
Attendre la maturitéPotentiel de rendements massifsIlliquidité prolongée

Vers un Équilibre Précaire

Alors, comment naviguer dans ce nouveau monde ? Pour Hudson, l’avenir réside dans un savant mélange d’intuition et de discipline. Les fonds doivent continuer à parier sur des fondateurs uniques tout en intégrant des mécanismes de liquidité plus agiles. Cela pourrait signifier des ventes secondaires partielles, des partenariats avec des fonds spécialisés, ou même des structures hybrides.

Ce qui est sûr, c’est que le venture capital ne sera plus jamais le même. Les investisseurs doivent s’adapter à un marché où la rapidité et la flexibilité sont reines. Pourtant, au cœur de cette transformation, une chose reste inchangée : la magie des startups. Ces entreprises, portées par des visionnaires, continuent de redéfinir le possible.

Et Après ?

En 2025, le capital-risque est à un tournant. Les seed investors, comme Hudson, doivent réinventer leur approche tout en restant fidèles à leur ADN : dénicher les pépites de demain. Ce n’est pas une mince affaire, mais c’est aussi une opportunité. En équilibrant liquidité et ambition, ils peuvent non seulement survivre, mais prospérer dans ce nouvel écosystème.

Et vous, que feriez-vous ? Vendre tôt pour sécuriser des gains, ou attendre l’éclosion d’une licorne ? Le choix n’a jamais été aussi complexe, ni aussi excitant.

avatar d’auteur/autrice
Steven Soarez
Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.