Imaginez terminer une série captivante, défiler les crédits, et tomber sur cette phrase inattendue : “Ce programme a été réalisé par des humains.” Pas d’IA, pas de génération automatique, pas de plagiat algorithmique. Juste des cerveaux, des cœurs, et des mains bien réelles. C’est exactement ce qu’a choisi de faire Vince Gilligan avec Pluribus, sa nouvelle série sur Apple TV+. Une prise de position aussi rare que courageuse dans une industrie où l’intelligence artificielle s’invite partout, même là où on ne l’attend pas.

Quand un créateur légendaire déclare la guerre à l’IA

Si vous avez suivi la carrière de Vince Gilligan, vous savez qu’il ne fait jamais les choses à moitié. L’homme derrière Breaking Bad et Better Call Saul n’a pas simplement ajouté un disclaimer dans les crédits de Pluribus. Non. Il l’a placée juste en dessous d’une mention sur la sécurité animale. Comme pour dire : les animaux ont été mieux traités que les algorithmes n’auraient pu le faire.

Mais Gilligan ne s’est pas arrêté là. Dans une interview accordée à Variety, il a lâché une phrase qui résonne comme un uppercut :

Je déteste l’IA.

Vince Gilligan

Et il n’y va pas avec le dos de la cuillère. Pour lui, l’intelligence artificielle générative n’est rien d’autre que “la machine à plagier la plus chère et la plus énergivore du monde”. Une image forte, presque comique, mais terriblement juste. Il compare même le contenu généré par IA à “une vache qui rumine – une boucle infinie de non-sens régurgité”.

Pourquoi une telle virulence ?

Parce que Vince Gilligan n’est pas juste un scénariste. C’est un artisan. Un storyteller qui a passé des décennies à construire des univers cohérents, des personnages complexes, des dialogues ciselés. Pour lui, créer, c’est transpirer. C’est douter. C’est réécrire dix fois la même scène jusqu’à ce qu’elle sonne juste. L’IA ? Elle propose une version en trois secondes. Mais à quel prix ?

Et il n’est pas seul. De plus en plus de créateurs, d’artistes, de réalisateurs prennent position. Le disclaimer de Pluribus pourrait bien devenir un modèle. Un label de qualité. Un peu comme le “bio” en alimentation, mais pour la culture.

Pluribus : de quoi parle cette série ?

Avant de plonger dans le débat éthique, parlons un peu du contenu. Pluribus marque le grand retour de Vince Gilligan à la science-fiction, un genre qu’il avait exploré avec X-Files au début de sa carrière. Cette fois, il retrouve Rhea Seehorn – inoubliable Kim Wexler dans Better Call Saul – dans la peau d’une autrice de romantasy confrontée à une invasion extraterrestre.

Oui, vous avez bien lu : romantasy. Ce mélange de romance et de fantasy qui cartonne sur TikTok et dans les librairies. Mais chez Gilligan, rien n’est jamais aussi simple. On imagine déjà des dialogues acérés, des twists imprévisibles, et une tension psychologique digne de ses meilleures œuvres.

  • Une autrice de best-sellers romantasy
  • Une invasion alien qui défie la logique
  • Des dilemmes moraux à chaque épisode
  • Rhea Seehorn en héroïne complexe
  • Et surtout : zéro IA dans le scénario

L’IA dans le cinéma : où en est-on vraiment ?

Pour comprendre la position de Gilligan, il faut regarder ce qui se passe dans l’industrie. L’intelligence artificielle est déjà partout. Elle génère des storyboards, des effets spéciaux, des voix off, des scripts entiers. Certaines productions de séries B sont déjà écrites en partie par des algorithmes. Et ce n’est que le début.

Mais il y a un revers. Les scénaristes, les acteurs, les réalisateurs craignent pour leur métier. Et ils ont raison. Quand une IA peut générer un épisode en quelques heures, pourquoi payer une équipe pendant des mois ?

TâcheHumainIA
Écriture scénario3-6 mois3 minutes
CoûtÉlevéFaible
OriginalitéVariableRecyclée
ÉmotionProfondeSimulée

Le tableau est parlant. L’IA gagne en vitesse et en coût. Mais elle perd en âme. Et c’est là que Vince Gilligan frappe fort : une œuvre sans âme n’est pas une œuvre.

Un disclaimer qui pourrait faire école

Le message “This show was made by humans” n’est pas anodin. Il est placé stratégiquement. Juste après la mention sur les animaux. Comme pour dire : on respecte la vie, on respecte le travail humain. C’est une forme de résistance douce. Un acte politique déguisé en note de bas de page.

Et si d’autres suivaient ? Imaginez un label “100% humain” sur les films, les séries, les livres. Un gage de qualité. Une réponse au tout-IA. Certains studios indépendants y pensent déjà. Des plateformes comme Apple TV+ pourraient même en faire un argument marketing.

Merci, Silicon Valley ! Encore une fois, vous avez foutu le monde en l’air.

Vince Gilligan, riant jaune

Rhea Seehorn : de Kim Wexler à héroïne de science-fiction

On ne présente plus Rhea Seehorn. Après avoir incarné la brillante et tourmentée Kim Wexler, elle revient sous la direction de Gilligan. Cette fois, elle joue une autrice de romantasy. Un rôle à contre-emploi ? Peut-être. Mais avec Gilligan, rien n’est jamais gratuit.

On imagine une femme forte, intelligente, en pleine crise créative, qui voit son univers fictif se matérialiser. Une mise en abyme parfaite pour parler de création, d’imagination, et… d’IA. Car qui mieux qu’une écrivaine pour comprendre ce que l’intelligence artificielle vole aux artistes ?

L’IA : outil ou menace pour les créatifs ?

Attention, Vince Gilligan ne rejette pas toute technologie. Il utilise des outils numériques, des logiciels de montage, des effets spéciaux. Ce qu’il rejette, c’est l’IA générative. Celle qui remplace l’humain. Celle qui apprend sur des œuvres existantes pour en produire de nouvelles, sans crédit, sans éthique.

  • IA comme assistant ? Oui.
  • IA comme créateur principal ? Non.
  • IA formée sur des œuvres volées ? Jamais.
  • IA qui remplace des emplois ? Inacceptable.

C’est une position nuancée. Pas de technophobie gratuite. Juste un refus de voir l’art devenir une marchandise algorithmique.

Et Apple TV+ dans tout ça ?

Apple a toujours cultivé une image premium. Qualité, design, exclusivité. En diffusant Pluribus avec ce message anti-IA, la plateforme envoie un signal fort. Elle se positionne du côté des créateurs. Du côté de l’humain. Un choix stratégique dans un marché où Netflix, Disney+ et Amazon misent aussi sur l’IA pour réduire les coûts.

Est-ce le début d’une tendance ? Des séries “artisanales” contre des séries “industrielles” ? L’avenir nous le dira. Mais une chose est sûre : Pluribus marque un tournant.

Que retenir de tout cela ?

Pluribus n’est pas qu’une série. C’est un manifeste. Un cri du cœur d’un créateur qui refuse de voir son métier dénaturé. Vince Gilligan ne parle pas seulement pour lui. Il parle pour des milliers d’artistes, de scénaristes, de techniciens qui voient leur avenir menacé.

Et nous, spectateurs ? Nous avons aussi notre rôle. En regardant Pluribus, en partageant ce message, en valorisant les œuvres humaines, nous disons non à la culture jetable. Oui à l’art qui fait vibrer. Oui à l’imagination qui ne se code pas.

Alors la prochaine fois que vous verrez un disclaimer “Made by humans”, souriez. C’est peut-être le début d’une révolution.

Et qui sait ? Peut-être qu’un jour, ce sera nous qui l’écrirons.

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Steven Soarez
Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.