Saviez-vous que l’industrie des startups peut transformer un rêve en cauchemar en un clin d’œil ? Prenons l’exemple de Plenty, une entreprise américaine qui promettait de révolutionner l’agriculture grâce à ses fermes verticales high-tech. Avec près d’un milliard de dollars levés auprès de géants comme SoftBank ou Jeff Bezos, elle semblait intouchable. Pourtant, le 24 mars 2025, la nouvelle tombe comme un couperet : Plenty dépose le bilan. Que s’est-il passé pour qu’une licorne aussi prometteuse s’effondre aussi brutalement ?

Plenty : Une Ambition Verte Qui S’effrite

Fondée en 2014 à South San Francisco, Plenty avait tout pour séduire. Son concept ? Cultiver des fruits et légumes dans des tours futuristes, en intérieur, avec une efficacité redoutable. L’idée était simple mais puissante : répondre à la crise alimentaire mondiale tout en réduisant l’empreinte carbone. Et les investisseurs y ont cru, injectant des centaines de millions dans cette vision.

Mais derrière les promesses, la réalité était plus complexe. Les coûts exorbitants des infrastructures, la consommation énergétique massive et une concurrence acharnée ont peu à peu fragilisé le modèle. Aujourd’hui, cette chute soulève une question : les startups technologiques peuvent-elles vraiment transformer des secteurs aussi traditionnels que l’agriculture ?

Un Parcours Financier Hors Normes

Quand on parle de Plenty, les chiffres donnent le tournis. Près de 1 milliard de dollars levés en une décennie, une valorisation atteignant 1,9 milliard en 2022 lors d’une levée de fonds de 400 millions… Les soutiens ne manquaient pas : SoftBank, Walmart, Bezos Expeditions, et même Jeff Bezos en personne. Ces noms prestigieux ont fait de Plenty un symbole d’innovation.

Pourtant, cet argent n’a pas suffi. Le dépôt de bilan, annoncé via un communiqué officiel, s’accompagne d’un plan de restructuration et d’un financement de 20,7 millions de dollars en debtor-in-possession. Ce terme, typique des faillites sous le régime Chapter 11 aux États-Unis, désigne un prêt accordé pour maintenir l’entreprise à flot pendant sa réorganisation. Mais cela suffira-t-il à sauver les meubles ?

Nous continuerons d’exploiter notre ferme de fraises en Virginie et notre centre de R&D dans le Wyoming.

Extrait du communiqué de Plenty, mars 2025

Une Industrie en Crise : Plenty N’est Pas Seule

Le cas de Plenty n’est pas isolé. Ces dernières années, l’agriculture verticale a vu plusieurs de ses étoiles s’éteindre. En novembre 2024, Bowery Farming, valorisée à 2 milliards de dollars, a fermé ses portes après avoir levé plus de 700 millions. AeroFarms et AppHarvest, deux autres acteurs majeurs, ont aussi succombé en 2023, malgré des centaines de millions investis.

Pourquoi tant d’échecs ? Les experts pointent du doigt des modèles économiques fragiles. Construire des fermes high-tech coûte cher, et les rendements peinent souvent à suivre. Ajoutez à cela une conjoncture économique tendue – inflation, hausse des taux d’intérêt – et vous obtenez une recette pour le désastre.

StartupFonds LevésValorisationDate de Faillite
Plenty~1 milliard $1,9 milliard $Mars 2025
Bowery Farming700 millions $2 milliards $Novembre 2024
AeroFarms300 millions $Non précisée2023
AppHarvest700 millions $1 milliard $2023

Les Leçons d’un Échec Annoncé

Alors, que retenir de cette déroute ? D’abord, que l’innovation ne garantit pas le succès. Plenty avait la technologie, les fonds, et une vision ambitieuse. Mais sans une stratégie viable à long terme, tout cela n’a servi à rien. Les fermes verticales nécessitent des investissements colossaux, et les consommateurs ne sont pas toujours prêts à payer le prix fort pour des fraises cultivées en tour.

Ensuite, il y a la question des investisseurs. SoftBank, connu pour ses paris risqués, et Jeff Bezos ont misé gros sur Plenty. Mais ces géants ont-ils sous-estimé les défis du secteur agricole ? Peut-être que l’enthousiasme pour les licornes technologiques a aveuglé certains.

  • Coûts prohibitifs : Les infrastructures high-tech engloutissent des millions.
  • Concurrence : Les fermes traditionnelles restent moins chères.
  • Énergie : Une dépendance lourde aux ressources électriques.

Quel Avenir pour Plenty ?

Avec son plan de restructuration, Plenty tente de limiter la casse. L’entreprise mise sur sa ferme de fraises en Virginie et son centre de recherche dans le Wyoming pour rebondir. Mais les créanciers, les employés et les investisseurs retiennent leur souffle. Car dans le monde des startups, une seconde chance est rare.

Certains analystes restent optimistes, soulignant que la technologie de Plenty pourrait encore trouver sa place. D’autres, plus sceptiques, y voient un énième exemple d’une bulle spéculative qui éclate. Une chose est sûre : l’histoire de Plenty marquera les esprits.

Et Après ? L’Agriculture Verticale en Question

La faillite de Plenty ne signe pas forcément la fin de l’agriculture verticale. Des acteurs plus petits, avec des modèles plus modestes, pourraient tirer leur épingle du jeu. Mais pour l’instant, le secteur doit se réinventer. Réduire les coûts, optimiser l’énergie, séduire les consommateurs : les défis sont nombreux.

En attendant, cette débâcle rappelle une vérité universelle : dans le monde des startups, l’échec est aussi fréquent que le succès. Plenty en est la preuve vivante – ou plutôt, agonisante. Alors, la prochaine fois que vous entendrez parler d’une licorne à un milliard de dollars, posez-vous la question : rêve ou mirage ?

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Steven Soarez
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