Et si l’avenir de l’intelligence artificielle mondiale reposait sur une poignée de puces électroniques ? Le 23 juillet 2025, l’administration Trump a dévoilé un plan ambitieux, baptisé AI Action Plan, visant à consolider la domination technologique des États-Unis tout en limitant l’accès de la Chine aux technologies avancées. Mais ce projet, bien que prometteur, soulève une question brûlante : peut-on vraiment freiner un géant technologique comme la Chine sans un plan clair et cohérent ? Plongeons dans les méandres de cette stratégie qui pourrait redessiner les contours de la guerre technologique mondiale.
Un Plan pour Dominer l’IA : Ambition et Flou
L’administration Trump a fait de l’intelligence artificielle un pilier central de sa stratégie pour maintenir l’hégémonie technologique américaine. Le AI Action Plan, document de 28 pages, s’articule autour de trois axes : accélérer l’innovation, développer les infrastructures nationales et renforcer la diplomatie technologique. Mais c’est sur un point précis que les regards se tournent : la volonté de bloquer l’exportation de puces avancées vers la Chine, un acteur clé dans la course à l’IA.
Ce n’est un secret pour personne : les puces électroniques, comme celles produites par Nvidia ou AMD, sont le moteur de l’IA moderne. Elles permettent d’entraîner des modèles complexes, de gérer des centres de données massifs et d’alimenter des applications allant de la défense à la médecine. En limitant leur accès à la Chine, les États-Unis espèrent ralentir les progrès de leur rival tout en consolidant leur propre position. Mais le plan reste étonnamment vague sur les moyens d’y parvenir.
Des Restrictions sur les Puces : Une Intention Claire, Mais…
Le AI Action Plan insiste sur la nécessité de renforcer les contrôles d’exportation pour les technologies sensibles, notamment les puces destinées à l’IA. Deux recommandations phares émergent :
- Collaborer avec l’industrie pour développer des fonctionnalités de vérification de localisation des puces, afin de s’assurer qu’elles ne finissent pas entre de mauvaises mains.
- Mettre en place un effort concerté pour renforcer l’application des restrictions, en ciblant notamment les sous-composants des systèmes de fabrication de puces, souvent négligés par les réglementations actuelles.
Ces idées, bien que séduisantes, manquent de détails concrets. Comment ces fonctionnalités de localisation seront-elles développées ? Qui supervisera leur mise en œuvre ? Et surtout, comment les États-Unis convaincront-ils leurs alliés de suivre le pas ? Le plan évoque des approches créatives, mais sans préciser ce que cela implique. Ce flou laisse les observateurs sceptiques quant à la faisabilité immédiate de ces mesures.
America doit imposer des contrôles stricts sur les technologies sensibles, tout en encourageant ses alliés à ne pas combler les lacunes.
Extrait du AI Action Plan, juillet 2025
Un Équilibre Géopolitique Délicat
Le plan ne se limite pas à des restrictions nationales. Il met l’accent sur la nécessité d’une coordination internationale. Les États-Unis souhaitent que leurs alliés adoptent des mesures similaires pour empêcher la Chine d’accéder à des technologies avancées via des pays tiers. Mais cette ambition se heurte à une réalité complexe : les partenaires commerciaux, comme les Pays-Bas ou le Japon, ont leurs propres intérêts économiques.
Le document mentionne l’utilisation d’outils comme le Foreign Direct Product Rule ou des tarifs secondaires pour forcer l’alignement des alliés. Cette approche, bien que musclée, risque de froisser des partenaires stratégiques. Par exemple, ASML, le géant néerlandais des équipements de fabrication de puces, pourrait hésiter à limiter ses exportations vers la Chine, un marché clé. Une telle tension diplomatique pourrait fragiliser les alliances nécessaires pour faire face à la montée en puissance technologique de Pékin.
Incohérences et Retournements : Un Plan en Évolution
L’administration Trump n’a pas toujours affiché une cohérence sans faille dans sa politique d’exportation. En juillet 2025, elle a autorisé Nvidia et AMD à vendre des puces IA spécifiquement conçues pour le marché chinois, quelques mois seulement après avoir imposé des restrictions strictes. De même, en mai, elle a annulé une règle de l’ère Biden limitant la capacité de calcul IA accessible à certains pays, juste avant son entrée en vigueur. Ces revirements sèment le doute sur la fermeté de la stratégie.
Pourquoi ces contradictions ? Certains y voient une tentative de répondre aux pressions des géants technologiques américains, comme Nvidia, dont le marché chinois représente une part importante des revenus. D’autres estiment que l’administration cherche à temporiser pour éviter une escalade trop rapide avec Pékin, notamment après l’accord de juillet 2025 pour suspendre certains tarifs bilatéraux.
| Action | Date | Impact |
| Autorisation des ventes de puces IA à la Chine | Juillet 2025 | Assouplissement temporaire des restrictions |
| Annulation de la règle de diffusion IA | Mai 2025 | Levée des limites sur la capacité de calcul exportée |
| Lancement du AI Action Plan | Juillet 2025 | Proposition de nouvelles restrictions, mais floues |
La Chine, un Adversaire qui Ne Dort Pas
Pendant que les États-Unis peaufinent leur stratégie, la Chine ne reste pas les bras croisés. Des entreprises comme Huawei ou DeepSeek ont montré leur capacité à contourner les restrictions. Par exemple, DeepSeek a lancé son modèle R1 AI en janvier 2025, rivalisant avec des géants comme ChatGPT, malgré les limitations d’accès aux puces avancées. Comment ? En accumulant des stocks de puces moins performantes, mais en quantités massives, pour compenser.
Ces avancées rappellent que la Chine investit massivement dans son autosuffisance technologique. Des entreprises comme SMIC progressent dans la fabrication de puces domestiques, et le gouvernement chinois soutient activement ces initiatives via des politiques industrielles agressives. Si les restrictions américaines deviennent trop strictes, elles pourraient paradoxalement accélérer les efforts de Pékin pour développer ses propres technologies.
Si nous perdons cet écosystème au profit de nos concurrents, il sera presque impossible de le récupérer.
Jensen Huang, PDG de Nvidia, avril 2025
Les Enjeux pour les Startups et l’Industrie Technologique
Les startups, en particulier celles spécialisées dans l’IA, se retrouvent au cœur de cette bataille géopolitique. D’un côté, les restrictions sur les exportations pourraient limiter leur accès à des marchés lucratifs comme la Chine. De l’autre, les investissements massifs promis par le AI Action Plan pour les infrastructures et l’innovation pourraient offrir des opportunités uniques.
Le plan prévoit, par exemple, d’accélérer les permis pour la construction de centres de données et de soutenir les programmes de formation pour les métiers techniques. Cela pourrait bénéficier à des startups développant des solutions d’IA pour la santé, la logistique ou la cybersécurité. Mais sans une stratégie claire sur les exportations, ces jeunes entreprises risquent de naviguer dans un environnement incertain.
Vers une Nouvelle Course Technologique ?
Le AI Action Plan de Trump est à la croisée des chemins. Il pose les bases d’une vision ambitieuse : faire des États-Unis le leader incontesté de l’IA tout en freinant la Chine. Mais sans détails concrets ni cohérence dans les décisions passées, il risque de rester une déclaration d’intention. La course à l’IA est bien plus qu’une question de technologie : c’est un enjeu géopolitique, économique et stratégique.
Pour réussir, l’administration devra clarifier ses priorités, aligner ses alliés et répondre aux pressions des géants technologiques tout en anticipant les contre-mesures chinoises. Une chose est sûre : dans cette bataille pour la suprématie technologique, chaque puce compte.
Et vous, pensez-vous que les États-Unis parviendront à dominer l’IA tout en freinant la Chine, ou ce plan est-il voué à s’enliser dans ses contradictions ? La réponse pourrait façonner le monde de demain.
