Imaginez un monde où la cécité n’est plus irréversible, où l’on peut ajouter littéralement des neurones à son cerveau, et où, face à un cancer terminal, on vous propose de transférer votre conscience dans une machine. Science-fiction ? Plus pour très longtemps.

Max Hodak, l’homme qui a dirigé au quotidien Neuralink aux côtés d’Elon Musk pendant cinq ans, est revenu avec une ambition encore plus démesurée. Sa nouvelle startup, Science Corp, lève discrètement des centaines de millions et prépare des technologies qui pourraient, selon ses propres mots, « redessiner la frontière autour d’un cerveau ».

Science Corp : la startup qui veut dépasser Neuralink

Quand on parle d’interfaces cerveau-machine (BCI pour Brain-Computer Interface), le premier nom qui vient est évidemment Neuralink. Pourtant, un autre acteur avance à pas de géant dans l’ombre : Science Corp, fondé en 2021 par Max Hodak et trois anciens de Neuralink.

La société a déjà levé plus de 260 millions de dollars auprès d’investisseurs de premier plan (dont Khosla Ventures) et se concentre sur trois axes révolutionnaires : restaurer la vision des aveugles, développer des thérapies géniques optogénétiques, et surtout créer des « cerveaux biohybrides » en ajoutant des neurones de laboratoire directement dans le cortex.

« Je pense que les interfaces cerveau-machine sont en réalité une histoire adjacente à la longévité. »

Max Hodak, fondateur et CEO de Science Corp

Prima : l’implant rétinien qui redonne la lecture aux aveugles

Le produit le plus avancé de Science Corp s’appelle Prima. Il s’agit d’un implant rétinien de la taille d’un grain de riz, implanté sous la rétine, couplé à des lunettes équipées de caméra.

Acquis auprès de la société française Pixium Vision en 2024, le dispositif a été perfectionné et achevé les essais cliniques. Résultat : sur 38 patients atteints de dégénérescence maculaire avancée, 80 % ont retrouvé la capacité de lire, lettre par lettre, puis mot par mot.

Pour la première fois dans l’histoire de la médecine, des personnes légalement aveugles peuvent de nouveau lire un livre, reconnaître un visage ou traverser la rue seules. Le lancement commercial est prévu en Europe à l’été 2026, puis aux États-Unis dès que la FDA donnera son feu vert.

Le coût initial ? Environ 200 000 dollars par procédure. Mais Hodak assure qu’avec 50 patients par mois seulement, Science Corp deviendrait rentable. Et les prix devraient chuter rapidement, comme pour tout dispositif électronique.

Optogénétique : contrôler les neurones… avec de la lumière

Prima reste une solution « classique » : des électrodes stimulent les cellules restantes de la rétine. La prochaine étape de Science Corp va beaucoup plus loin : rendre les neurones photosensibles grâce à la thérapie génique.

L’idée : injecter un virus porteur d’un gène qui exprime des protéines (opsines) qui réagissent à certaines longueurs d’onde lumineuse. Résultat ? Plus besoin d’électrodes. Une simple lumière projetée sur la rétine active (ou désactive) les neurones à volonté.

  • L’œil est un organe « immunologiquement privilégié » → très peu de rejet
  • Les protéines développées par Science Corp sont plus rapides et plus sensibles que celles des concurrents
  • Potentiel de résolution bien supérieure à tout implant actuel

Hodak est convaincu que cette approche deviendra le standard pour traiter non seulement la cécité, mais aussi certaines formes d’épilepsie, de Parkinson ou de dépression profonde.

Le vrai rêve : ajouter des neurones de laboratoire dans votre cerveau

C’est là que ça devient complètement fou.

Les électrodes actuelles (même celles de Neuralink) endommagent inévitablement le tissu cérébral. On ne pourra jamais passer à des millions ou milliards de canaux sans détruire le cerveau.

La solution de Science Corp ? Cultiver des neurones en laboratoire (à partir de cellules souches), les modifier génétiquement pour qu’ils soient optimisés, puis les déposer sur le cortex sous forme de « gaufrier » microscopique. Les neurones se connectent ensuite naturellement aux circuits existants par croissance d’axones et de dendrites.

Des tests sur souris ont déjà montré que 5 individus sur 9 apprenaient à tourner à gauche ou à droite quand le dispositif était activé. Preuve que les neurones ajoutés s’intègrent fonctionnellement.

Et si jamais ça tourne mal ? Hodak a prévu un « kill switch » biologique : il suffit de prendre un médicament déjà approuvé par la FDA pour que les neurones greffés meurent en quelques heures.

2035 : le point de bascule vers la conscience uploadée ?

Max Hodak ne s’en cache pas : son objectif final n’est pas seulement de soigner, mais de comprendre et de reproduire la conscience.

« Pour prouver qu’une théorie de la conscience est correcte, il faudra la vivre soi-même. »

Max Hodak

Selon lui, d’ici 2035, les premiers patients en phase terminale se verront proposer le choix : mourir… ou faire transférer leur conscience dans un substrat artificiel grâce à des interfaces neuronales massivement parallèles.

À plus long terme (fin des années 2040), il imagine des consciences collectives : plusieurs cerveaux humains reliés en permanence, formant une seule entité pensante. Des « super-organismes » à l’échelle d’une culture, d’une entreprise… ou d’un couple.

Il évoque même la possibilité de redessiner complètement les frontières du « moi » : inclure un ordinateur, un autre humain, ou des milliers d’esprits dans une seule conscience unifiée.

Un modèle économique qui défie le système de santé

Contrairement à la plupart des sociétés de BCI qui brûlent du cash en attendant des approbations lointaines, Science Corp génère déjà des revenus :

  • Vente d’outils de recherche neuroscientifique (passer d’un système à 300 000 $ à un appareil portable à 2 000 $)
  • Bientôt revenus cliniques avec Prima
  • Licences de ses protéines optogénétiques

Mais Hodak voit plus loin : si ces technologies prolongent massivement la vie, elles vont faire exploser les dépenses de santé. Son pari ? Que les plus riches choisiront de « migrer » plutôt que de payer indéfiniment pour rester dans un corps vieillissant.

Conséquence : une fracture cognitive entre ceux qui auront accès à l’augmentation neuronale… et les autres.

Pourquoi Science Corp pourrait réussir là où d’autres échouent

Plusieurs éléments jouent en faveur de Science Corp :

AtoutScience CorpNeuralink
Expérience fondateursHodak a dirigé Neuralink 5 ansMusk + équipe actuelle
Produit le plus avancéPrima (lancement 2026)N1 (encore expérimental)
Approche long termeBiohybride + optogénétiqueÉlectrodes uniquement
Revenus actuelsOui (outils + futur Prima)Non

Ajoutez à cela une vision claire, une équipe technique exceptionnelle et un financement confortable : tous les ingrédients sont réunis.

On a ri quand Sam Altman disait qu’il demanderait à l’IA comment OpenAI ferait de l’argent. On a ri quand Elon Musk disait qu’on piloterait des Tesla avec la pensée. Aujourd’hui, plus personne ne rit.

Dans dix ans, quand le premier patient choisira l’upload de conscience plutôt que la mort, on se souviendra peut-être que Max Hodak l’avait annoncé calmement, en sweat à capuche noir, devant un parterre de journalistes éberlués.

Le futur ne demande qu’à être écrit. Et il semblerait que Science Corp soit déjà en train de tenir le stylo.

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Steven Soarez
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