Et si les plus grandes pertes financières étaient le prélude à la plus belle des introductions en bourse ? C’est le pari fou que semblent prendre Cameron et Tyler Winklevoss avec Gemini, leur plateforme d’échange et de garde de cryptomonnaies. Alors que l’entreprise affiche des pertes records, elle dépose son dossier d’introduction au Nasdaq. Une opération qui intrigue, fascine, et divise.

Gemini : Quand les Pertes Deviennent un Signal d’Ambition

Le 15 août 2025, après la clôture des marchés, Gemini Space Station Inc. a officiellement déposé son formulaire S-1 auprès de la SEC. Objectif : s’introduire sur le Nasdaq Global Select Market sous le symbole GEMI. Une étape symbolique pour les jumeaux Winklevoss, déjà milliardaires grâce à leurs investissements précoces dans Bitcoin.

Mais derrière l’éclat de l’annonce se cache une réalité financière brutale. L’entreprise a enregistré 158,5 millions de dollars de pertes nettes en 2024 sur 142,2 millions de revenus. Et ce n’est que le début : sur les six premiers mois de 2025, les pertes ont déjà atteint 282,5 millions de dollars pour seulement 67,9 millions de chiffre d’affaires.

Comment une entreprise en perte peut-elle envisager une IPO ? La réponse tient en trois lettres : C.R.Y. – Contexte, Régulation, Yolo. Mais creusons ensemble.

Les Chiffres qui Font Mal… Mais qui Ne Disent Pas Tout

Regardons les données de plus près. Oui, les pertes sont massives. Oui, le ratio pertes/revenus est alarmant. Mais dans l’univers des cryptomonnaies, les chiffres comptables ne racontent jamais toute l’histoire.

PériodeRevenusPertes nettesRatio pertes/revenus
2024 (annuel)142,2 M$-158,5 M$111%
S1 202567,9 M$-282,5 M$416%

Ce tableau parle de lui-même. Le premier semestre 2025 est particulièrement douloureux. Mais plusieurs éléments contextuels permettent de nuancer cette lecture.

  • Investissements massifs dans la conformité réglementaire
  • Développement de nouveaux produits (carte de crédit crypto, stablecoin)
  • Coûts exceptionnels liés à la préparation de l’IPO
  • Volatilité du marché crypto impactant les volumes de transaction

Comme le soulignait un analyste anonyme sur X : « Dans la crypto, on investit d’abord, on monétise ensuite. Gemini joue le long terme. »

Un Marché Crypto en Pleine Mutation

Le timing de Gemini n’est pas anodin. Depuis l’arrivée de l’administration Trump, le vent réglementaire a tourné. Les cryptomonnaies ne sont plus des parias. Elles sont devenues des actifs stratégiques.

« Le Bitcoin et les cryptos sont l’avenir de la finance américaine. Nous allons les accueillir à bras ouverts. »

Donald Trump, discours de campagne 2025

Cette déclaration a eu un effet domino. En juin 2025, Circle (émetteur de l’USDC) a levé 1,2 milliard de dollars lors de son IPO, avec une valorisation explosant de 168 % dès le premier jour. Bullish, autre exchange, a suivi avec 1,1 milliard levés.

Gemini surfe sur cette vague. Mais avec une différence de taille : elle n’est pas seulement un exchange. C’est aussi une banque dépositaire réglementée, un émetteur de stablecoin, et un acteur institutionnel.

Gemini Space Station : Plus qu’un Exchange

Fondée en 2014, Gemini s’est toujours positionnée comme l’anti-FTX. Là où Sam Bankman-Fried jouait au cowboy, les Winklevoss ont misé sur la conformité, la transparence, et la sécurité.

Le nom Gemini Space Station n’est pas anodin. Il reflète l’ambition spatiale des jumeaux – littéralement, puisqu’ils ont investi dans Virgin Galactic – mais aussi leur vision d’une infrastructure financière décentralisée, fiable, et interplanétaire.

  • Gemini Exchange : Plateforme de trading spot et dérivés
  • Gemini Custody : Solution de garde institutionnelle
  • Gemini Dollar (GUSD) : Stablecoin adossé au dollar
  • Gemini Credit Card : Carte récompensant en crypto
  • Gemini Earn : Programme de rendement (suspendu puis relancé)

Cette diversification est à la fois une force et une faiblesse. Force, car elle positionne Gemini comme un guichet unique pour les institutionnels. Faiblesse, car chaque produit coûte cher à développer et à maintenir.

Les Winklevoss : Des Entrepreneurs Maudits… ou Visionnaires ?

Cameron et Tyler Winklevoss ne sont pas des inconnus. Avant Gemini, ils étaient les « jumeaux de Facebook », ceux qui accusaient Mark Zuckerberg de leur avoir volé l’idée de Harvard Connection.

Ils ont gagné 65 millions de dollars en règlement. Et avec cet argent ? Ils ont acheté du Bitcoin. Beaucoup. À 10 dollars l’unité. Aujourd’hui, ils sont milliardaires. Et ils n’ont pas fini de surprendre.

Leur stratégie avec Gemini ? Construire la banque du futur. Pas une banque traditionnelle. Une banque crypto-native, réglementée, sécurisée, et prête pour l’adoption massive.

Les Défis Avant l’IPO

Mais tout n’est pas rose. Plusieurs obstacles se dressent sur la route du Nasdaq.

  • Pertes opérationnelles : Comment justifier 282 M$ de pertes en 6 mois ?
  • Concurrence féroce : Coinbase, Kraken, Binance.US… tous veulent la même part du gâteau
  • Réglementation incertaine : Même pro-crypto, Trump peut changer d’avis
  • Confiance des investisseurs : Après FTX, Terra, Celsius… qui croit encore aux promesses crypto ?

Pourtant, les signaux sont au vert. Le Bitcoin dépasse les 100 000 dollars. Les ETF crypto attirent des milliards. Les institutionnels reviennent.

Et Après l’IPO ?

Si l’introduction réussit, Gemini pourrait lever entre 800 millions et 1,5 milliard de dollars, selon les estimations des analystes. De quoi financer :

  • Le développement de Gemini Pay (paiements instantanés en crypto)
  • L’expansion internationale (Europe, Asie)
  • Des acquisitions stratégiques (wallets, DeFi)
  • Une trésorerie de guerre pour survivre au prochain bear market

Mais l’IPO n’est pas une fin. C’est un début. Les Winklevoss devront prouver que leur modèle est viable. Que les pertes d’aujourd’hui sont les investissements de demain.

Ce que l’IPO de Gemini Nous Dit sur l’Avenir de la Crypto

Au-delà de Gemini, cette IPO est un thermomètre du marché crypto. Elle nous dit trois choses :

  1. Les institutionnels sont de retour
  2. La régulation n’est plus un frein, mais un accélérateur
  3. Les valorisations reposent sur la vision, pas sur les profits immédiats

Comme Amazon en 2000, Gemini perd de l’argent aujourd’hui. Mais elle construit l’infrastructure de demain.

« Nous ne construisons pas une entreprise. Nous construisons un système financier. »

Cameron Winklevoss, interview 2025

Et si c’était ça, le vrai pari ?

Conclusion : GEMI, un Ticket pour l’Avenir ?

L’IPO de Gemini n’est pas une opération financière classique. C’est un manifeste. Un pari sur l’adoption massive des cryptomonnaies. Un défi lancé aux banques traditionnelles.

Les pertes ? Elles font partie du jeu. Comme Tesla en 2010. Comme Uber en 2019. Comme toutes les entreprises qui ont changé le monde.

Alors, GEMI sera-t-il le prochain grand succès boursier ? Ou un avertissement pour les investisseurs trop gourmands ?

Une chose est sûre : les jumeaux Winklevoss ne font jamais les choses à moitié. Et cette fois, ils jouent gros. Très gros.

À suivre. De très près.

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Steven Soarez
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