Vous êtes déjà arrivé dans un pays étranger, batterie à 12 %, et vous avez passé vingt minutes à chercher un kiosque pour acheter une carte SIM locale ? Moi oui. Et comme des millions de voyageurs, j’ai fini par découvrir qu’il existait une solution bien plus élégante : l’eSIM. Ce petit bout de technologie, intégré directement dans nos smartphones, est en train de vivre une ascension fulgurante. Et derrière cette révolution, on trouve une poignée de startups qui ont su transformer un usage de niche en marché de plusieurs milliards.

L’eSIM n’est plus une option, c’est le futur

Il y a encore cinq ans, parler d’eSIM faisait hausser les épaules. Aujourd’hui, les chiffres parlent d’eux-mêmes : la pénétration mondiale va dépasser les 5 % en 2025 et les analystes de Kaleido Intelligence prévoient 75 % d’activation sur les appareils compatibles d’ici 2030. Le déclencheur ? Deux choses simples : les voyages internationaux qui explosent depuis la sortie du Covid et les constructeurs qui suppriment purement et simplement le tiroir SIM.

Apple a ouvert le bal en 2022 avec les iPhone 14 vendus sans port physique aux États-Unis. Google a suivi cette année avec la série Pixel 10. Et en 2025, même l’iPhone 17 propose une version eSIM-only dans plus d’une dizaine de pays. Résultat : les utilisateurs n’ont plus le choix. Ils doivent comprendre ce qu’est une eSIM… et ils adorent ça.

Le voyage, catalyseur inattendu

51 % des utilisateurs d’eSIM l’ont découverte en voyage, selon une étude GSMA. C’est énorme. Pourquoi ? Parce qu’acheter une eSIM depuis son canapé, la recevoir par mail et l’activer en scannant un QR code à l’aéroport, c’est dix fois plus rapide que de faire la queue chez un opérateur local.

« Les gens testent l’eSIM pour la première fois en voyage. Quand ils rentrent chez eux, ils demandent à leur opérateur habituel de basculer définitivement. »

Pablo Iacopino, analyste GSMA

Ce phénomène de « contamination positive » explique pourquoi les startups spécialisées dans l’eSIM voyage explosent littéralement.

Airalo, la licorne qui a tout compris

Impossible de parler d’eSIM sans citer Airalo. Fondée il y a six ans, la startup vient de lever 220 millions de dollars et d’atteindre le statut de licorne. Son secret ? Une application ultra-simple qui propose des forfaits dans plus de 200 pays, payable en deux clics.

Le fondateur, Bahadir Ozdemir, le dit lui-même : 85 % des utilisateurs qui téléchargent Airalo découvrent l’eSIM pour la première fois. Et une fois qu’ils ont goûté à la facilité, ils ne reviennent. La preuve : 15 % du marché du roaming voyage est déjà capté par les eSIM, et ce chiffre grimpe en flèche.

Les autres pépites qui montantes

  • Holafly : plus de 15 millions d’eSIM vendues depuis 2018, 200 millions de dollars de chiffre d’affaires rien qu’en 2024.
  • Truely : croissance x2 cette année, 70 000 voyageurs servis et une extension de série A de 2 millions en juin.
  • Saily (Nord Security) : lancée en mars 2024, déjà plusieurs millions d’utilisateurs et un an après.
  • Kolet : 10 millions levés avec des investisseurs comme l’ex-CEO d’Expedia et l’ex-VP marketing d’Apple.
  • Nomad, eSIM.me, Maya Mobile… la liste s’allonge chaque mois.

Même les opérateurs traditionnels bougent : Vodafone s’est associé à l’UEFA pour proposer des eSIM dédiées aux supporters qui voyagent pour les matchs. Le message est clair : personne ne veut rater le train.

Pourquoi les investisseurs adorent le secteur

Le marché est encore jeune, mais les signaux sont au vert :

  • Répétition d’achat très forte (les voyageurs reviennent plusieurs fois par an)
  • Marge brute élevée (pas de carte physique à produire ni à expédier)
  • Effet réseau : plus il y a de partenaires (hôtels, compagnies aériennes, banques), plus la distribution est fluide
  • Barrière technologique réelle (négociation avec des centaines d’opérateurs locaux)

« On va vers une saturation du nombre d’acteurs, mais les meilleurs survivront grâce à la fidélité client et aux partenariats stratégiques. »

Steffen Sorrell, Kaleido Intelligence

Les freins qui restent à lever

Tout n’est pas rose. Le premier obstacle reste l’éducation. Beaucoup de gens ne savent toujours pas ce qu’est une eSIM. Les startups dépensent des fortunes en influenceurs et en publicité juste pour expliquer le concept de base.

Deuxième douleur : l’activation. Scanner un QR code reçu par mail… quand on n’a plus de connexion internet à l’arrivée, c’est la galère. Les acteurs travaillent sur des solutions (activation via Bluetooth, Wi-Fi public sécurisé, etc.), mais on n’y est pas encore complètement.

Enfin, certains opérateurs locaux traînent des pieds. Leurs systèmes legacy ne sont pas prêts, et ils préfèrent garder le client captif en boutique plutôt que de tout digitaliser.

Et demain ?

La Chine pourrait tout changer. Depuis octobre 2025, les grands opérateurs chinois proposent enfin l’eSIM sur le marché domestique. Huawei, Xiaomi, Oppo et Vivo vont inonder le marché de smartphones compatibles à tous les prix. Quand ces appareils arriveront en Afrique, en Asie du Sud-Est et en Amérique latine, l’adoption va faire un bond spectaculaire.

À plus long terme, on peut imaginer des offres bundlées : eSIM + VPN + assurance voyage + réservation hôtel, le tout dans une seule application. Les nomades numériques et les entreprises avec des employés en déplacement constant seront les premiers servis.

Une chose est sûre : dans cinq ans, acheter une carte SIM physique à l’aéroport nous fera le même effet que d’utiliser un Minitel aujourd’hui. Les startups qui dominent le marché aujourd’hui ne sont peut-être que les Uber de la connectivité mobile de demain.

Et vous, avez-vous déjà franchi le pas ?

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Steven Soarez
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