Imaginez-vous un soir d’automne 2024, une bière à la main, en train d’envoyer un email que vous êtes convaincu de ne jamais voir répondre. Et pourtant, quelques jours plus tard, Mark Cuban vous écrit personnellement et finit par investir trois millions de dollars dans votre startup. C’est exactement ce qui est arrivé à Adam Joseph, le fondateur de Clipbook.
Cette histoire ressemble à un scénario de film hollywoodien, mais elle est 100 % réelle. Et elle mérite d’être racontée en détail, parce qu’elle contient des leçons précieuses pour tous les fondateurs qui rêvent de lever des fonds sans réseau VIP.
Comment un simple email a changé la vie d’une startup
Adam Joseph n’est pas né avec une cuillère en or dans la bouche. Ancien consultant en communication chez Boston Consulting Group, il connaît parfaitement la galère des équipes PR : passer des heures à écouter des podcasts, lire des articles, traquer la moindre mention de la marque ou des concurrents. En 2023, il décide de créer la solution qu’il aurait rêvé d’avoir.
Clipbook naît donc comme une plateforme AI-native capable de comprendre le contexte, pas seulement les mots-clés. L’outil scanne la presse, les réseaux sociaux, mais surtout les podcasts et vidéos – là où la majorité des concurrents échouent encore lamentablement.
En un an et demi, sans investisseur, Adam fait grimper Clipbook à 1 million de dollars d’ARR. Résultat impressionnant pour un bootstrapper solitaire. Mais il sent qu’il peut aller beaucoup plus loin avec du capital.
La liste des cinq investisseurs rêvés… et un pari fou
Un soir de fin 2024, il dresse la liste des cinq investisseurs qui comprendraient instantanément la valeur de son produit. Au sommet : Mark Cuban.
Pourquoi Cuban ? Parce qu’il a bâti des empires médias (Broadcast.com vendu 5,7 milliards), apparaît toutes les semaines à la télé, produit des films et reçoit des milliers d’interviews. Personne ne connaît mieux la valeur d’un bon monitoring média.
J’ai littéralement bu une bière pour me donner du courage et j’ai envoyé le même pitch d’une page à toute la liste. Sans introduction chaude. Je ne pensais même pas que quelqu’un lirait.
Adam Joseph, fondateur de Clipbook
Seul Mark Cuban répond. Et pas avec un « merci, pas intéressé ». Non, avec vingt questions ultra-sceptiques, dignes d’un épisode de Shark Tank.
Le test ultime : un rapport média sur… CostPlus Drugs
Adam répond à toutes les questions en mode mitraillette. Cuban, impressionné par la réactivité, passe à l’étape suivante : « Fais-moi un rapport complet sur ce qu’on dit de CostPlus Drugs dans les médias et podcasts ».
CostPlus Drugs, c’est le bébé de Cuban : une pharmacie en ligne qui vend les médicaments au prix coûtant + 15 %. Un sujet ultra-sensible, très discuté, et rempli de bruit (le mot « cost » apparaît partout).
Clipbook réussit l’impossible : sortir un rapport ultra-précis, dénichant même une conversation podcast totalement passée sous les radars de l’équipe de Cuban. Le milliardaire est bluffé.
Adam a répondu bam, bam, bam, bam. La plupart des fondateurs se braquent ou s’effondrent quand je les challenge. Lui non.
Mark Cuban
Ce qui rend Clipbook vraiment différent
Le marché du monitoring média n’est pas vide. Sprinklr, Brandwatch, Meltwater, Hootsuite… la concurrence est rude. Alors pourquoi Cuban a-t-il dit oui ?
- AI-native depuis le premier jour : pas une couche IA collée sur un vieux logiciel, mais une architecture pensée pour le langage naturel dès le départ.
- Compréhension du contexte : sait faire la différence entre « cost » + « drugs » et la marque CostPlus Drugs.
- Maîtrise de l’audio et de la vidéo : transcrit et analyse podcasts et vidéos YouTube là où 90 % des outils s’arrêtent au texte.
- Précision chirurgicale sur les homonymes : ne vous alerte pas quand un journaliste parle d’un autre « Adam Joseph » météorologue à Philadelphie.
Résultat ? Des rapports propres, exploitables en quelques minutes au lieu de plusieurs jours de travail manuel.
Les chiffres après la levée
La seed de 3 millions de dollars est co-leadée par Mark Cuban, Commonweal Ventures et Carpenter Capital. Annoncée début décembre 2025, elle a fermé en plusieurs tranches tout au long de l’année 2025.
Adam reste discret sur le nouvel ARR (« on a bien grandi depuis le million »), mais Clipbook compte désormais plus de 200 clients entreprise, dont des noms prestigieux :
- Weber Shandwick (géant mondial de la com)
- Boston Consulting Group (son ancien employeur)
- De nombreuses scale-ups tech
Les leçons à retenir pour tous les fondateurs
Cette histoire n’est pas juste un conte de fées. Elle contient des enseignements concrets :
- Le cold email marche encore en 2025 – si le message est court, ultra-ciblé et que vous avez déjà des traction réelles.
- La préparation absolue : Adam avait réponse à tout parce qu’il connaissait son produit et son marché sur le bout des doigts.
- Le produit doit parler tout seul : le rapport CostPlus Drugs a fait le job mieux que cent slides de pitch deck.
- La persévérance paie : Cuban reçoit des milliers de pitches. Celui-ci a percé parce qu’il était irréprochable.
Comme le dit Cuban lui-même :
J’ai investi des dizaines de millions de dollars à partir d’emails froid. Beaucoup sont devenus des licornes.
Mark Cuban
Et maintenant ?
Avec 3 millions en caisse et un investisseur aussi emblématique, Clipbook a clairement décollé. L’objectif : devenir la référence incontestable du monitoring média nouvelle génération, là où les outils legacy peinent à suivre l’explosion du contenu audio et vidéo.
Une chose est sûre : l’histoire d’Adam Joseph va faire rêver (et travailler) des milliers de fondateurs dans les mois qui viennent. Parce qu’elle rappelle une vérité simple mais puissante : parfois, tout peut basculer sur un seul email envoyé au bon moment, à la bonne personne, avec le bon produit.
Et vous, oserez-vous envoyer votre prochain cold email après avoir lu ça ?