Vous arrivez au bureau, le cœur qui bat un peu trop vite, les épaules crispées, et vous vous dites « c’est normal, j’ai beaucoup de travail ». Sauf que non. Ce n’est pas normal. Et si quelqu’un vous disait que votre cerveau hurle au secours depuis des semaines sans que vous vous en rendiez vraiment compte ?
C’est exactement le constat qu’a fait Antonio Forenza, ex-responsable R&D chez Rakuten Symphony. Après avoir perdu 40 kilos grâce à une Apple Watch, il s’est demandé pourquoi personne n’avait encore inventé l’équivalent… pour le stress.
Awear : le premier wearable qui lit directement votre cerveau
Imaginez un petit boîtier discret, pas plus gros qu’un AirPod, que l’on clipse derrière l’oreille. Pas de câbles, pas de casque encombrant. Juste un capteur EEG (électroencéphalogramme) qui capte en continu l’activité électrique de votre cerveau.
Le principe est simple : quand vous êtes calme, votre cerveau émet majoritairement des ondes alpha et thêta. Quand vous êtes stressé, les ondes bêta hautes fréquences prennent le dessus. Et si ces ondes bêta restent dominantes trop longtemps… c’est la porte ouverte à l’épuisement, l’insomnie, l’anxiété, voire la dépression.
Awear ne se contente pas de mesurer. L’application associée analyse les données en temps réel et vous alerte avant que le stress ne devienne chronique.
« Notre cerveau est phénoménal pour nous faire croire que tout va bien. On peut être en mode fight or flight permanent sans s’en rendre compte. »
Antonio Forenza, fondateur d’Awear
Comment ça fonctionne concrètement ?
Le dispositif utilise une technologie vieille de plus d’un siècle – l’EEG – mais miniaturisée et rendue accessible au grand public. Trois électrodes sèches placées derrière l’oreille captent les signaux électriques du cortex.
Les données sont envoyées en Bluetooth à votre smartphone. L’algorithme (développé avec des neuroscientifiques et data scientists) traduit ces signaux en indicateurs simples :
- Niveau de stress actuel (de 1 à 100)
- Temps passé en état d’hyper-activation aujourd’hui
- Score de résilience émotionnelle sur la semaine
- Moments de la journée où votre cerveau a « décroché »
Mais le plus impressionnant, c’est l’accompagnement. L’application propose des micro-exercices de respiration, des prompts de journaling, ou même des sons binauraux adaptés à votre état cérébral du moment.
Pourquoi c’est différent de tout ce qui existe déjà
Vous allez me dire : « Mais la Apple Watch mesure déjà le stress ! » Oui… mais pas vraiment.
Les montres connectées actuelles se basent sur la variabilité de la fréquence cardiaque (HRV), la conductivité de la peau ou le taux d’oxygène dans le sang. Ce sont des marqueurs indirects. Awear, lui, va à la source : il lit directement l’activité électrique du cerveau.
Pour vous donner une analogie : mesurer le stress avec une Apple Watch, c’est comme diagnostiquer une fièvre en regardant si la personne transpire. Awear, c’est le thermomètre dans le cerveau.
| Critère | Montres connectées classiques | Awear |
| Mesure | Indirecte (HRV, peau…) | Directe (EEG) |
| Précision stress aigu | Moyenne | Élevée |
| Détection stress chronique | Limitée | Excellente |
| Coaching personnalisé | Générique | Adapté aux ondes cérébrales en temps réel |
Les premiers utilisateurs : des fondateurs sous tension
Le profil type de l’early adopter Awear ? Des fondateurs de startups, des VC, des dirigeants de scale-up. Bref, des gens qui vivent à 200 à l’heure et qui savent que le burnout n’est jamais loin.
Un fondateur parisien que j’ai pu interviewer (il préfère rester anonyme) m’a confié : « J’ai porté le device pendant 3 semaines. Le premier choc, c’est de voir que je passe 62 % de ma journée en hyper-activation cérébrale. Le deuxième choc, c’est que 48 heures après avoir commencé les exercices proposés par l’app, ce chiffre est tombé à 34 %. »
Des résultats qui font écho à ceux partagés par Antonio Forenza : certains utilisateurs divisent par deux leur temps passé en état de stress élevé dès le premier mois.
Une validation scientifique sérieuse
Awear n’est pas juste un gadget de plus. Le département de psychiatrie de Stanford teste actuellement le dispositif sur des patients âgés sortant de chirurgie, pour détecter précocement les épisodes de confusion post-opératoire.
D’autres études sont en cours avec des universités européennes sur l’impact du device chez les personnes souffrant de troubles anxieux généralisés.
Et cerise sur le gâteau : Awear a remporté le pitch santé lors du Startup Battlefield 200 à TechCrunch Disrupt 2025. Pas mal pour une startup qui n’a même pas encore un an.
Le business model : Kickstarter en ligne de mire
Pour l’instant, Awear est disponible uniquement via un programme early access à 195 $ (avec abonnement à vie inclus – une stratégie maligne pour fidéliser dès le départ).
Après une pré-seed menée par Hustle Fund, Techstars et The Pitch Fund, l’équipe prépare une levée de 5 millions de dollars début 2026, suivie d’une campagne Kickstarter massive – la recette qui a fait le succès d’Oura ou de Whoop.
L’objectif : démocratiser l’accès à cette technologie et faire d’Awear le nouveau standard du bien-être mental, comme l’Apple Watch l’est devenu pour le fitness.
Et demain ?
Antonio Forenza le dit sans détour : « Dans 10 ans, tout le monde portera un capteur EEG. Comme aujourd’hui tout le monde a une montre qui compte les pas. »
Les prochaines versions pourraient intégrer la détection précoce de la dépression, des troubles du sommeil, voire des marqueurs précoces de maladies neurodégénératives.
On est peut-être à l’aube d’une révolution aussi importante que celle du quantified self il y a 15 ans. Sauf que cette fois, on ne mesure plus seulement son corps.
On mesure enfin son esprit.
Et vous, seriez-vous prêt à savoir ce que votre cerveau pense vraiment de votre quotidien ?