Imaginez une vidéo générée par intelligence artificielle : des images époustouflantes, des mouvements fluides, des scénarios impossibles devenus réalité en quelques clics. Et pourtant, quelque chose cloche cruellement. Le silence. Pas un bruit, pas une explosion, pas un murmure. C’est comme regarder un blockbuster muet des années 1920. Frustrant, non ?
C’est précisément ce vide que Mirelo veut combler. Cette jeune startup berlinoise vient de boucler une levée de fonds impressionnante qui la positionne comme un acteur clé dans l’évolution de la création vidéo assistée par IA.
Mirelo : la startup qui donne enfin une voix aux vidéos IA
En décembre 2025, alors que le monde de l’intelligence artificielle générative bouillonne plus que jamais, une nouvelle arrive de Berlin : Mirelo annonce une levée de 41 millions de dollars en seed. Un montant exceptionnel pour une entreprise à peine âgée de deux ans. À la tête de ce tour de table, deux géants du capital-risque : Index Ventures et Andreessen Horowitz (a16z). Deux noms qui pèsent lourd dans l’écosystème tech.
Mais au-delà des chiffres, c’est la mission de Mirelo qui intrigue. L’entreprise développe des modèles d’IA spécialisés dans la génération d’effets sonores parfaitement synchronisés avec les vidéos. Un domaine encore largement négligé par les grands outils de génération vidéo actuels.
Le problème silencieux de l’IA vidéo
Depuis l’explosion de modèles comme Sora d’OpenAI, Runway ou Pika, n’importe qui peut créer des vidéos bluffantes à partir de simples prompts textuels. Des paysages oniriques, des animations complexes, des clips publicitaires… Tout semble possible visuellement.
Mais quand on lance la lecture, c’est le choc : aucun son. Pas d’ambiance, pas de bruitage, pas de dialogue naturel. La vidéo perd immédiatement une grande partie de son impact émotionnel.
George Lucas disait que le son représente 50 % de l’expérience cinématographique. Ce n’est pas une exagération.
CJ Simon-Gabriel, CEO et cofondateur de Mirelo
Et il a raison. Le son façonne l’ambiance, guide l’attention, renforce les émotions. Sans lui, même les plus belles images paraissent plates. Mirelo part de ce constat simple mais puissant pour bâtir sa proposition de valeur.
Une technologie déjà opérationnelle
La startup n’est pas partie de zéro. Dès cette année, elle a lancé Mirelo SFX v1.5, un modèle capable d’analyser une vidéo et d’y ajouter automatiquement des effets sonores synchronisés. Des pas sur le gravier aux explosions en passant par le vent dans les arbres : tout est généré en parfaite harmonie avec l’action visuelle.
Cette première version a rapidement attiré l’attention. Disponible sur des plateformes comme Fal.ai et Replicate, elle a démontré des performances souvent supérieures à celles de concurrents plus gros, malgré des ressources limitées.
Car la concurrence s’éveille. Sony, Tencent, ElevenLabs ou encore Kling AI (propriété de Kuaishou) ont tous sorti leurs propres modèles vidéo-vers-audio ces derniers mois. Même Google intègre désormais du son dans Gemini grâce à Veo 3.1. Le marché se réveille brutalement à cette nécessité.
Mais Mirelo garde une longueur d’avance grâce à sa spécialisation étroite. Là où d’autres cherchent à tout faire, l’équipe berlinoise se concentre exclusivement sur les effets sonores. Un choix stratégique payant.
Des fondateurs passionnés par le son et l’IA
Derrière Mirelo, on trouve deux profils rares : CJ Simon-Gabriel et Florian Wenzel. Tous deux chercheurs en intelligence artificielle de formation, mais aussi musiciens dans l’âme. Cette double casquette n’est pas anecdotique. Elle imprègne profondément la vision produit.
Ils comprennent intuitivement l’importance du son dans une œuvre audiovisuelle. Et ils savent que l’IA peut aller bien plus loin que de simples bruitages génériques. Leur ambition : créer des bandes-son qui transforment radicalement l’atmosphère d’une vidéo.
À terme, la génération de musique est aussi sur la roadmap. Mais les fondateurs estiment que les effets sonores représentent aujourd’hui le terrain le plus fertile. Moins de recherche concurrente, plus de potentiel pour construire un vrai fossé technologique.
Une levée de fonds stratégique
Les 41 millions de dollars fraîchement levés vont permettre à Mirelo de passer à la vitesse supérieure. L’équipe, actuellement composée d’une dizaine de personnes, devrait doubler voire tripler d’ici fin 2026.
Ces recrutements toucheront tous les domaines : recherche et développement bien sûr, mais aussi produit et commercialisation. Car l’entreprise prépare déjà l’évolution de son modèle économique.
- À court terme : revenus via les API sur Fal.ai et Replicate
- À moyen terme : développement de Mirelo Studio, un espace de travail complet pour les créateurs
- Modèle freemium avec un plan recommandé à environ 23 euros par mois
La cible prioritaire ? Les amateurs éclairés et les prosumers. Ceux qui génèrent des vidéos IA pour leurs réseaux sociaux, leurs projets personnels ou leurs petites productions professionnelles. Des utilisateurs qui veulent des résultats plus aboutis sans passer par des logiciels complexes.
Atlantic Labs, qui avait mené le pré-seed, remet au pot. Le total levé atteint désormais 44 millions de dollars. Une valorisation en forte hausse, même si le montant exact reste confidentiel.
Des investisseurs de premier plan
Index Ventures et a16z ne sont pas les seuls noms prestigieux. La liste des anges investisseurs impressionne :
- Arthur Mensch, CEO de Mistral
- Thomas Wolf, chief science officer de Hugging Face
- Burkay Gur, cofondateur de Fal.ai
- Et plusieurs autres figures reconnues de l’IA européenne
Ces soutiens apportent bien plus que de l’argent. Ils ouvrent des portes, valident la technologie et renforcent la crédibilité auprès des partenaires potentiels.
Georgia Stevenson, partner chez Index Ventures ayant mené l’investissement, souligne l’approche éthique de Mirelo sur les données d’entraînement. La startup utilise exclusivement des bibliothèques sonores publiques ou achetées légalement, et signe des accords de partage de revenus avec les artistes. Un positionnement responsable dans un secteur souvent critiqué.
Pourquoi les effets sonores avant la musique ?
La génération de musique par IA fait beaucoup parler. Des outils comme Suno ou Udio progressent à pas de géant. Alors pourquoi Mirelo choisit-il les bruitages comme priorité ?
Pour CJ Simon-Gabriel, la réponse est claire : c’est là que se trouve le plus grand besoin immédiat. Les créateurs peuvent ajouter manuellement une musique de fond. Mais synchroniser des centaines d’effets sonores pertinents ? Mission quasi impossible sans outil dédié.
De plus, le domaine est moins saturé en recherche. Moins de concurrence directe, plus de marge pour innover profondément et construire un avantage durable.
C’est plus facile de construire un vrai fossé technologique ici, et ensuite de le monétiser.
CJ Simon-Gabriel
L’avenir de la vidéo générative
Avec l’arrivée du son natif dans certains outils comme Gemini, on pourrait penser que le problème est résolu. Mais pour les fondateurs de Mirelo, c’est plutôt une validation de leur thèse.
Les géants se réveillent enfin à l’importance du son. Comme le passage du cinéma muet au parlant dans les années 1920-1930. Une révolution qui a transformé l’industrie toute entière.
Mirelo se positionne comme le spécialiste de cette transition. Pas un outil tout-en-un, mais le meilleur dans son domaine. Une approche qui rappelle celle de certaines startups devenues leaders incontestés en se focalisant sur un besoin précis.
Et le potentiel va bien au-delà des vidéos pour réseaux sociaux. Les jeux vidéo, la publicité, le cinéma indépendant, la formation… Tous ces secteurs pourraient bénéficier d’une génération sonore rapide et de qualité.
Berlin, terre fertile pour l’IA européenne
Le choix de Berlin n’est pas anodin. La capitale allemande s’affirme de plus en plus comme un hub majeur de l’intelligence artificielle en Europe. Des entreprises comme Aleph Alpha, DeepL ou Merantix y ont posé leurs valises.
Talents techniques abondants, coûts raisonnables, écosystème dynamique : tout y est pour faire grandir une startup ambitieuse. Mirelo bénéficie aussi d’un soutien local fort avec Atlantic Labs.
Cette levée de fonds montre que l’Europe peut encore attirer des investissements massifs dans l’IA, même face à la domination américaine et chinoise.
Ce que cela signifie pour les créateurs
À terme, l’impact pour les créateurs pourrait être immense. Plus besoin de passer des heures à chercher les bons bruitages libres de droits. Plus besoin de compétences en montage audio complexes.
Quelques clics, et votre vidéo IA devient une expérience complète. Immersive. Professionnelle. Prête à être partagée sur YouTube, TikTok, Instagram ou ailleurs.
Et avec un pricing accessible (plan recommandé autour de 23 euros/mois), l’outil cible précisément ceux qui en ont le plus besoin : les créateurs indépendants, les petites équipes marketing, les étudiants en audiovisuel.
Demain, la différence entre une vidéo IA amateur et une production pro tiendra peut-être à la qualité de sa bande-son. Mirelo veut être celui qui démocratise cet avantage.
Conclusion : une révolution en marche
La levée de 41 millions de dollars de Mirelo n’est pas qu’une success story de plus dans la tech. C’est le signe d’une maturation du marché de l’IA générative vidéo.
Après les images, le son devient le nouveau frontier. Et Mirelo, avec son focus laser, ses fondateurs passionnés et ses investisseurs de premier plan, semble idéalement placé pour en devenir un leader.
2026 s’annonce passionnant. Entre l’évolution de Mirelo Studio, les avancées techniques et l’adoption croissante, nous pourrions assister à la fin définitive des vidéos IA muettes.
Une chose est sûre : le cinéma, les réseaux sociaux et la création numérique ne seront plus jamais les mêmes une fois que le son aura pleinement rejoint l’image générée par IA.
À suivre de très près.