Imaginez arriver au bureau un matin ordinaire, ouvrir votre ordinateur, et découvrir que votre poste n’existe plus. Pour des dizaines de milliers de personnes dans le monde de la tech en 2025, cette scène n’est pas un cauchemar, mais une réalité brutale. L’année qui devait marquer l’apogée de l’intelligence artificielle a aussi été celle d’une vague massive de licenciements, touchant aussi bien les géants que les startups prometteuses.
Plus de 118 000 emplois ont disparu rien qu’en 2025, selon les chiffres compilés par des observateurs du secteur. Un chiffre impressionnant qui prolonge la tendance entamée les années précédentes, mais avec une accélération liée à l’adoption massive de l’IA et à des restructurations profondes.
Les licenciements dans la tech en 2025 : un bilan mois par mois
Pour comprendre l’ampleur du phénomène, rien ne vaut un retour détaillé sur l’année écoulée. Chaque mois a apporté son lot de mauvaises nouvelles, avec des pics particulièrement douloureux. Voici le panorama complet, sans filtre.
Janvier : un début d’année déjà compliqué
Dès les premières semaines de 2025, le ton était donné. Plusieurs entreprises ont annoncé des coupes significatives pour « optimiser » leurs structures.
- Meta a ciblé 5 % de ses effectifs, en se concentrant sur les « low performers » pour préparer une année intense.
- Wayfair a supprimé jusqu’à 730 postes et décidé de quitter le marché allemand.
- Stripe a réduit ses effectifs de 300 personnes tout en prévoyant paradoxalement une croissance globale.
- Amazon a commencé par des coupes dans sa communication interne.
- Des startups comme Placer.ai (150 postes) ou SolarEdge Technologies (400 postes) ont également été touchées.
Au total, environ 2 400 emplois ont disparu dès janvier, posant les bases d’une année difficile.
Février : le mois le plus noir
Février 2025 restera comme le mois le plus destructeur d’emplois tech de l’année. Plus de 16 000 postes supprimés en quelques semaines seulement.
Les annonces se sont enchaînées à un rythme effréné, touchant tous les segments du secteur.
- Workday : 1 750 emplois (8,5 % des effectifs).
- Cruise : 50 % de l’effectif, avec le départ du CEO.
- Salesforce : plus de 1 000 postes.
- Blue Origin : environ 1 000 personnes (10 %).
- HP : jusqu’à 2 000 postes dans le cadre de son plan « Future Now ».
- Autodesk : 1 350 emplois (9 %).
Ce mois a concentré une part énorme des pertes annuelles, illustrant la violence de certaines restructurations.
Les entreprises ne licencient plus pour survivre, mais pour maximiser leurs marges grâce à l’IA.
Un observateur anonyme du secteur
Mars et avril : la vague continue
Mars a vu environ 8 800 suppressions, tandis qu’avril a été le deuxième pire mois avec plus de 24 500 emplois perdus.
En avril, Intel a annoncé la suppression de plus de 21 000 postes (20 % des effectifs), marquant l’une des plus grosses coupes de l’histoire récente du secteur.
- Northvolt : 2 800 emplois après le dépôt de bilan.
- HPE : 2 500 postes.
- Wicresoft : 2 000 emplois en Chine suite à la fin d’un partenariat Microsoft.
- Block : 931 postes.
Ces chiffres montrent que même les fournisseurs et partenaires des géants ne sont pas épargnés.
Mai à août : un rythme soutenu
Les mois suivants n’ont offert aucun répit. Mai (10 400 postes), juillet (16 300) et octobre (18 500) ont été particulièrement chargés.
Microsoft a multiplié les vagues : 6 500 en mai, 9 000 en juillet. Amazon, Meta, Google et Oracle ont également continué leurs ajustements.
Dans les startups, des noms comme GupShup (200 postes en avril), Yotpo (200 postes en août) ou Fiverr (250 postes en septembre) ont illustré la pression sur les jeunes pousses.
Fin d’année : décembre encore actif
Même en décembre, les annonces n’ont pas cessé. Amazon a coupé 84 postes à Seattle, Zebra Technologies envisage de fermer son unité robotique, et plusieurs startups israéliennes comme Lusha ou Mobileye ont réduit leurs effectifs.
Pourquoi tant de licenciements en 2025 ?
Derrière ces chiffres se cachent plusieurs réalités économiques et technologiques.
L’intelligence artificielle est souvent citée comme facteur principal. De nombreuses entreprises justifient leurs coupes par l’automatisation de tâches autrefois réalisées par des humains.
- Amélioration de l’efficacité opérationnelle.
- Recherche de rentabilité après les années fastes post-Covid.
- Restructurations liées à des acquisitions (Synopsys/Ansys, Sophos/Secureworks).
- Slowdown dans certains secteurs comme l’EV ou le solaire.
- Pression des investisseurs pour des marges plus élevées.
Mais il ne faut pas tout réduire à l’IA. Beaucoup de décisions relèvent aussi de stratégies classiques de réduction des coûts.
Les géants les plus touchés
Certaines entreprises reviennent régulièrement dans les annonces.
| Entreprise | Postes supprimés (estimation) | Commentaire |
| Intel | Plus de 25 000 | Multiples vagues majeures |
| Microsoft | Environ 16 000 | Coupes récurrentes |
| Amazon | Plusieurs milliers | Dans divers départements |
| Meta | Plusieurs milliers | Focus performance et IA |
| Oracle | Centaines récurrentes | Surtout aux États-Unis |
Ces géants montrent que personne n’est à l’abri, même avec des trésoreries solides.
L’impact humain derrière les chiffres
Au-delà des statistiques, il y a des milliers d’histoires personnelles. Des ingénieurs seniors, des product managers, des jeunes diplômés qui se retrouvent soudain sur le marché.
Le secteur tech, autrefois synonyme de stabilité et de croissance rapide, traverse une période d’incertitude profonde. Beaucoup parlent d’un « retour à la réalité » après les excès des années 2020-2022.
Pourtant, paradoxalement, les mêmes entreprises qui licencient annoncent souvent recruter massivement dans l’IA et les domaines stratégiques.
Et après ? Perspectives pour 2026
Rien n’indique que la vague s’arrête en 2025. Certaines annonces (comme chez HP ou Synopsys) concernent des coupes étalées jusqu’en 2028.
Le marché de l’emploi tech reste tendu, avec une concurrence accrue pour les postes restants. Les compétences en IA, cloud et cybersécurité sont particulièrement recherchées.
Pour les professionnels du secteur, la résilience et la formation continue deviennent essentielles. Beaucoup se tournent vers le freelancing ou créent leurs propres projets.
Cette année 2025 marque probablement un tournant. L’industrie tech mûrit, parfois dans la douleur, en intégrant pleinement l’IA dans ses processus. Mais à quel coût humain ?
Une chose est sûre : le paysage technologique de demain ne ressemblera pas à celui d’hier. Et ceux qui sauront s’adapter seront probablement les mieux placés pour en profiter.
(Article mis à jour régulièrement avec les dernières annonces confirmées)