Imaginez un instant : une entreprise qui n’a même pas encore envoyé d’humains sur Mars vaut déjà plus que la totalité du CAC 40 et du DAX réunis. Et demain, elle pourrait devenir la société la plus chère de l’histoire boursière. C’est exactement ce qui se profile avec SpaceX.
Depuis quelques jours, les rumeurs enflamment la Silicon Valley et Wall Street : Elon Musk préparerait l’introduction en bourse de SpaceX pour mi-2026, avec un objectif de valorisation stratosphérique de 1 500 milliards de dollars. Oui, vous avez bien lu : mille cinq cents milliards.
SpaceX : la startup qui défie toutes les lois de la gravité… et de la finance
Quand on parle de startups, on pense généralement à des jeunes pousses valorisées quelques centaines de millions, parfois quelques milliards pour les plus ambitieuses. SpaceX, elle, joue dans une tout autre dimension depuis longtemps.
Créée en 2002 avec l’objectif fou de coloniser Mars, la société d’Elon Musk a révolutionné l’industrie spatiale en quelques années seulement. Réutilisation des lanceurs, baisse drastique des coûts, constellation Starlink… chaque étape a été un tremblement de terre.
Mais ce qui se dessine aujourd’hui dépasse largement le cadre du New Space : c’est une opération financière qui pourrait redéfinir les standards mêmes de la valorisation d’entreprise.
Les chiffres qui donnent le vertige
Pour bien comprendre l’ampleur du phénomène, rien ne vaut quelques comparaisons :
- Valorisation actuelle estimée (décembre 2025) : plus de 800 milliards de dollars lors de la dernière vente secondaire d’actions
- Prix par action lors de cette opération : 420 $ (oui, Elon Musk a le sens de l’humour)
- Objectif IPO 2026 : 1 500 milliards de dollars
- Montant à lever : environ 30 milliards de dollars
- Record actuel : Saudi Aramco avec 29 milliards levés en 2019
Autrement dit, SpaceX s’apprête potentiellement à pulvériser le record de la plus grosse introduction en bourse de tous les temps… avec une marge confortable.
Pourquoi maintenant ?
Longtemps, Elon Musk a répété qu’il garderait SpaceX privée le plus longtemps possible. La raison était simple : la vision martienne nécessite des investissements colossaux sur des horizons très longs, incompatibles avec la pression trimestrielle des marchés.
Alors pourquoi changer d’avis ? Plusieurs facteurs semblent converger :
- Starlink génère désormais des cash-flows positifs massifs (estimés à plusieurs milliards par an)
- Le programme Starship commence à montrer des résultats concrets (vols orbitaux réussis)
- La concurrence s’intensifie (Blue Origin, Rocket Lab, Chine…)
- Les besoins de financement pour la colonisation martienne restent astronomiques
- Les investisseurs institutionnels font pression pour une liquidité
« Garder SpaceX privée était logique quand nous perdions de l’argent. Maintenant que Starlink est rentable, la donne change complètement. »
Paraphrase d’une source proche du dossier citée par Bloomberg
Starlink : le vrai moteur de la valorisation
Si SpaceX vaut potentiellement 1 500 milliards demain, ce n’est pas (seulement) grâce aux fusées. C’est avant tout grâce à Starlink.
La constellation de satellites, qui compte déjà plus de 6 000 engins en orbite basse, est devenue en quelques années le leader mondial de l’internet par satellite. Et les chiffres sont impressionnants :
- Plus de 4 millions d’abonnés fin 2025
- Croissance de 100 % par an dans certains marchés
- Présence dans plus de 100 pays
- Contrats militaires stratégiques (notamment avec le Pentagone)
- Partenariats avec des compagnies aériennes et maritimes
Pour les analystes, Starlink à elle seule pourrait valoir entre 500 et 800 milliards de dollars dans les prochaines années. Autant dire que le reste (les fusées, les contrats NASA, les futurs vols martiens) serait presque « gratuit » dans la valorisation globale.
Un changement de stratégie radical
Il y a encore deux ans, l’hypothèse privilégiée était une introduction en bourse… de Starlink seule. L’idée était de séparer l’activité « cash machine » (internet par satellite) de l’activité « gouffre financier magnifique » (colonisation de Mars).
Mais la réalité opérationnelle a rattrapé la théorie. Starlink et les fusées partagent la même infrastructure de production, les mêmes équipes d’ingénieurs, les mêmes usines. Séparer les deux aurait été complexe et coûteux.
Surtout, Elon Musk semble avoir changé d’état d’esprit. Peut-être a-t-il compris que les marchés étaient prêts à financer sa vision martienne, même à des valorisations folles.
Les risques d’une telle opération
Tout n’est pas rose dans le monde merveilleux des valorisations à neuf zéros.
Introduire SpaceX en bourse à 1 500 milliards de dollars, c’est prendre plusieurs paris très risqués :
- La réussite technique complète de Starship (un échec répété pourrait faire plonger le cours)
- La capacité à maintenir la croissance explosive de Starlink
- La tolérance des marchés à une entreprise toujours très dépendante de la vision d’un seul homme
- Les risques géopolitiques (régulation des fréquences, tensions avec la Chine…)
Et n’oublions pas l’effet Elon Musk : quand le patron tweete (ou plutôt poste sur X) quelque chose de controversé, le cours Tesla en prend souvent pour son grade. Imaginez l’effet multiplié avec une capitalisation deux fois plus importante…
Comparaison avec les autres géants
| Entreprise | Valorisation (2025) | Secteur |
| Apple | ~3 800 Md$ | Technologie |
| Microsoft | ~3 200 Md$ | Technologie |
| Nvidia | ~3 000 Md$ | IA/Semiconducteurs |
| SpaceX (objectif 2026) | 1 500 Md$ | Space/Telecom |
| Meta | ~1 300 Md$ | Réseaux sociaux |
| Tesla | ~1 200 Md$ | Automobile |
SpaceX pourrait donc entrer directement dans le top 5 mondial des capitalisations boursières. Une performance d’autant plus folle qu’il s’agit d’une entreprise… spatiale.
Ce que cela dit de notre époque
Au-delà des chiffres, l’éventuelle IPO de SpaceX à 1 500 milliards de dollars en dit long sur l’état de notre monde en 2025.
Nous vivons une période où les investisseurs sont prêts à payer des multiples astronomiques pour des entreprises qui promettent de transformer des industries entières. Où la frontière entre science-fiction et réalité financière s’efface complètement.
SpaceX n’est plus seulement une entreprise de fusées. C’est devenu un symbole. Le symbole qu’il est possible de rêver encore plus grand, plus fou, plus loin. Et que les marchés sont prêts à suivre.
« Nous sommes au début d’une nouvelle ère spatiale, et SpaceX est en train d’écrire les règles du jeu. »
Un investisseur anonyme cité par The Information
Alors oui, 1 500 milliards de dollars, ça semble complètement dingue.
Mais quand on regarde ce qu’a accompli SpaceX en vingt ans, quand on voit Starship décoller, quand on utilise Starlink dans le moindre village reculé… on se dit que peut-être, finalement, ce n’est pas si fou que ça.
Peut-être que c’est juste le prix de l’avenir.