Imaginez que le designer qui a façonné l’apparence de votre iPhone depuis plus de dix ans décide subitement de changer de camp. Pas n’importe quel camp : celui de Meta, l’entreprise qui mise des dizaines de milliards sur la réalité mixte et les lunettes connectées. C’est exactement ce qui vient de se produire avec Alan Dye.

Le transfert le plus marquant de l’année dans la tech

Décembre 2025. Alors que tout le monde a les yeux rivés sur les futures annonces d’Apple et de Meta pour 2026, une bombe éclate : Alan Dye, vice-président du design d’interface chez Apple depuis 2013, quitte la firme à la pomme pour rejoindre Reality Labs. Et pas pour un poste quelconque. Mark Zuckerberg en personne lui confie la direction d’un tout nouveau studio créatif chargé de « définir la prochaine génération de produits Meta ».

Pour bien comprendre l’ampleur du choc, il faut se rappeler qui est Alan Dye.

Alan Dye, l’homme qui a donné un visage à Apple

Arrivé chez Apple en 2006 comme simple designer, Alan Dye grimpe les échelons jusqu’à prendre, aux côtés de Jony Ive, la responsabilité de l’ensemble des interfaces logicielles. iOS 7 et son design flat révolutionnaire ? C’est lui. L’interface fluide et minimaliste de watchOS ? Toujours lui. VisionOS et l’expérience spatiale du Vision Pro ? Son dernier grand chantier.

Son départ n’est pas anodin. Chez Apple, on le remplace par Steve Lemay, un vétéran présent depuis 1999. Un signe que la transition a été préparée dans l’urgence.

« Alan a joué un rôle déterminant dans le design de chaque grande interface Apple depuis plus de dix ans. »

Tim Cook, dans un communiqué interne relayé par Bloomberg

Meta passe à l’offensive tous azimuts

Ce recrutement s’inscrit dans une stratégie plus large. Cet été déjà, Meta avait débauché plusieurs chercheurs d’OpenAI. Cette fois, c’est le design haut de gamme qui est visé. L’objectif est clair : combler le retard perçu sur la finesse d’exécution hardware/software face à Apple.

Mark Zuckerberg ne s’en cache pas. À peine l’annonce faite, il publie sur Threads une longue note pour présenter le nouveau Creative Studio de Reality Labs. Alan Dye en sera le patron, entouré d’anciens d’Apple et de talents internes reconnus.

  • Billy Sorrentino – ex-Apple, déjà chez Meta depuis quelques mois
  • Joshua To – responsable actuel des interfaces Reality Labs
  • Pete Bristol – patron du design industriel
  • Jason Rubin – à la tête des équipes artistiques metaverse

Tous sous une même bannière, avec un mandat ambitieux.

L’intelligence artificielle comme « nouveau matériau de design »

La phrase est signée Zuckerberg lui-même : « Nous voulons traiter l’intelligence comme un nouveau matériau de design ». Derrière cette formule se cache une vision radicale : demain, les interfaces ne seront plus seulement graphiques. Elles seront génératives, contextuelles, capables de s’adapter en temps réel à l’utilisateur et à son environnement.

Dans des lunettes AR légères (le futur produit phare de Meta, nom de code Orion ou ses successeurs), cela signifie :

  • Des éléments d’interface qui apparaissent seulement quand c’est pertinent
  • Des suggestions visuelles générées par IA selon le contexte (un restaurant, une œuvre d’art, une personne)
  • Une esthétique qui évolue selon l’humeur ou le style de l’utilisateur
  • Des interactions vocales et gestuelles ultra-fluides

Alan Dye a déjà prouvé qu’il savait créer des expériences à la fois belles et intuitives. Avec l’IA en plus dans la boucle, le potentiel est vertigineux.

Pourquoi Apple a-t-elle laissé partir une telle pointure ?

Plusieurs hypothèses circulent dans la Silicon Valley.

D’abord, la montée en puissance de l’IA chez Apple reste discrète. Malgré l’arrivée d’Apple Intelligence, beaucoup estiment que Cupertino prend du retard sur l’intégration profonde de l’IA dans les interfaces quotidiennes. Alan Dye, passionné par les nouveaux paradigmes d’interaction (le spatial computing avec Vision Pro), a peut-être senti que Meta offrait un terrain de jeu plus audacieux.

Ensuite, la liberté créative. Chez Apple, chaque pixel est validé par des dizaines de comités. Chez Meta, Zuckerberg donne clairement carte blanche à ses nouvelles recrues stars.

Enfin, l’argument financier n’est probablement pas négligeable. Les packages de rémunération chez Meta pour ce niveau de talent dépassent souvent largement ceux d’Apple, surtout avec des actions qui pourraient exploser si les lunettes AR décollent.

Les conséquences pour le marché des lunettes connectées

Jusqu’à présent, Meta dominait en volume (Quest) mais restait perçu comme moins premium qu’Apple. Avec Alan Dye aux manettes du design, l’écart pourrait se réduire très vite.

Les prochaines générations de Ray-Ban Meta (déjà un succès commercial surprise) et surtout les vraies lunettes AR holographiques prévues pour 2027-2028 risquent de gagner une élégance et une cohérence jamais vues dans l’écosystème Meta.

Apple, de son côté, continue de travailler sur ses propres lunettes (probablement plus tard, horizon 2028-2030 selon les dernières fuites). Mais perdre l’architecte de VisionOS au profit du concurrent direct fait mal.

Et nous, utilisateurs, qu’est-ce qu’on y gagne ?

À court terme : des Ray-Ban Meta encore plus intelligentes et mieux finies dès 2026.

À moyen terme : une compétition saine qui va forcer Apple à accélérer et innover plus vite. Quand deux géants se battent sur le terrain du goût et de l’expérience utilisateur, c’est toujours le consommateur qui gagne.

Et surtout, l’arrivée d’un designer de ce calibre valide une chose : les lunettes connectées ne seront plus un gadget de geek. Elles deviendront, comme l’iPhone en son temps, un objet de désir massif.

« Nous allons élever le design chez Meta et réunir un groupe talentueux combinant artisanat, vision créative et expérience des produits iconiques. »

Mark Zuckerberg

Cette phrase résume tout. Meta ne veut plus seulement être leader technique. L’entreprise veut devenir la référence esthétique du prochain paradigme informatique.

Avec Alan Dye à bord, elle vient de faire un pas de géant dans cette direction.

2026 risque d’être une année fascinante.

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Steven Soarez
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