Imaginez une startup qui, en à peine quatre ans d’existence, passe de zéro à une valorisation potentielle supérieure à 300 milliards de dollars. C’est exactement ce qui est en train de se produire sous nos yeux avec Anthropic, le laboratoire d’intelligence artificielle fondé par d’anciens cadres d’OpenAI. Et le plus fou ? L’entreprise vient discrètement d’appuyer sur l’accélérateur pour une introduction en bourse qui pourrait faire trembler tout le marché tech.
Anthropic se prépare à l’IPO du siècle
Selon les informations révélées par le Financial Times le 3 décembre 2025, Anthropic a officiellement mandaté le prestigieux cabinet d’avocats Wilson Sonsini pour piloter les préparatifs de son introduction en bourse. Ce choix n’est pas anodin : le même cabinet accompagne l’entreprise depuis 2022 et a déjà conduit certaines des plus grosses IPO de la Silicon Valley.
L’objectif ? Être prêt pour une cotation dès 2026, voire plus tôt si les conditions de marché le permettent. Une accélération fulgurante pour une société qui n’a été créée qu’en 2021 et qui pourrait ainsi devenir l’une des introductions en bourse les plus massives de l’histoire récente, aux côtés de Meta ou d’Alibaba à leur époque.
Une valorisation qui donne le vertige
Les chiffres circulant dans la Silicon Valley sont proprement hallucinants. Anthropic discuterait actuellement d’une nouvelle levée de fonds qui valoriserait l’entreprise au-delà des 300 milliards de dollars. Pour mettre cela en perspective :
- En septembre 2025, Anthropic levait 13 milliards à une valorisation de 183 milliards.
- Six mois plus tôt, la valorisation tournait autour de 40 milliards.
- En 2023, elle était encore à 15 milliards.
Soit une multiplication par 20 en moins de trois ans. Un rythme de croissance qui rappelle les plus belles heures des licornes internet du début des années 2010, mais dans un secteur – l’IA générative – encore plus stratégique.
Anthropic pourrait devenir la plus grosse IPO tech depuis Facebook en 2012
Un banquier d’affaires anonyme cité par le Financial Times
OpenAI dans le rétroviseur… ou devant ?
Impossible de parler d’Anthropic sans évoquer son grand rival : OpenAI. Les deux entreprises, toutes deux fondées par d’anciens chercheurs et dirigeants issus du même vivier, sont engagées dans une course effrénée à la suprématie technologique… et désormais boursière.
Reuters rapportait récemment qu’OpenAI, valorisé à 500 milliards de dollars après sa dernière levée, explorait également la piste d’une introduction en bourse. Sans calendrier précis pour l’instant, mais avec une avance évidente en termes de notoriété grand public grâce à ChatGPT.
Cependant, plusieurs éléments pourraient jouer en faveur d’Anthropic :
- Sa gouvernance unique (contrôlée par un trust à but non lucratif)
- Son positionnement très fort sur la sécurité de l’IA et l’IA alignée
- Ses partenariats stratégiques massifs (notamment avec Amazon et Google)
- La présence de Claude, son modèle phare, qui talonne voire dépasse GPT-4 dans certains benchmarks
Pourquoi maintenant ? Les raisons d’une accélération
Plusieurs facteurs expliquent cette soudaine précipitation vers la bourse.
D’abord, la fenêtre de marché. Après deux années difficiles pour les IPO tech (2022-2023), 2025 marque un net retour en grâce des introductions en bourse. Les investisseurs affluent à nouveau vers les valeurs de croissance, portées par l’engouement sans précédent pour l’intelligence artificielle.
Ensuite, les besoins de financement colossaux. Former les prochains modèles d’IA coûte des dizaines de milliards en calcul GPU. Même avec l’arrivée annoncée de Claude 4 et des modèles encore plus puissants, Anthropic doit sécuriser des liquidités massives. La bourse offre une alternative crédible aux levées privées de plus en plus difficiles à des valorisations stratosphériques.
Enfin, la pression concurrentielle. Si OpenAI entrait en bourse le premier, elle bénéficierait d’un avantage considérable en termes de visibilité et de capacité à attirer les talents. Anthropic ne peut pas se permettre de laisser filer cet avantage.
Les défis avant la cloche d’ouverture
Malgré l’enthousiasme, le chemin vers Wall Street reste semé d’embûnes pour Anthropic.
Le premier défi est réglementaire. L’entreprise fait l’objet d’enquêtes antitrust aux États-Unis et en Europe, notamment sur ses accords exclusifs avec Amazon (qui a investi investit 8 milliards). Toute clarification sur ce front sera déterminante pour fixer la valorisation finale.
Le second est technique et éthique. Anthropic s’est construit sur le mantra de l’IA sûre et interprétable. Or, plus les modèles deviennent puissants, plus il est difficile de garantir ces propriétés. Un incident majeur avec Claude pourrait ruiner la confiance des investisseurs.
Le troisième est humain. L’entreprise doit transformer sa culture de laboratoire de recherche en véritable machine industrielle capable de générer des centaines de milliards de revenus annuels. Un défi colossal quand on sait que ses revenus actuels, bien que croissants rapidement, restent modestes face à sa valorisation.
| Critère | Anthropic | OpenAI |
| Valorisation actuelle | 183 Md$ → potentiellement 300 Md$+ | 500 Md$ |
| Date création | 2021 | 2015 |
| Modèle phare | Claude 3.5 / Claude 4 en approche | GPT-4o / o3 en approche |
| Positionnement | IA sûre et interprétable | IA la plus puissante |
| Préparation IPO | Avancée (Wilson Sonsini engagé) | Exploration en cours |
Ce que cela signifie pour l’écosystème startup
L’introduction en bourse d’Anthropic, si elle se concrétise aux valorisations évoquées, enverrait un signal extrêmement puissant à tout l’écosystème :
- L’IA n’est plus une mode passagère mais le nouveau moteur de création de valeur massif
- Les barrières à l’entrée se renforcent : seuls les acteurs disposant de centaines de milliards pourront jouer dans la cour des grands
- La concentration du secteur va s’accélérer (acquisitions, fusions) pour atteindre l’échelle nécessaire
- Les talents vont se concentrer encore plus autour de quelques acteurs dominants
Nous assistons peut-être à la naissance d’un nouveau GAFAM, mais cette fois centré sur l’intelligence artificielle plutôt que sur les réseaux sociaux ou le cloud.
Une chose est sûre : 2026 s’annonce comme l’année où l’IA passera définitivement du statut de technologie prometteuse à celui d’industrie mature… et immensément lucrative. Et Anthropic, avec son mélange unique de rigueur scientifique et d’ambition démesurée, est idéalement placé pour écrire le prochain chapitre de cette révolution.
À suivre de très près.
