Imaginez une soirée où l’on vous explique, en direct et sans filtre, ce que sera le monde dans dix ans. Pas les gadgets à la mode, non : les technologies si profondes qu’elles redessinent la biologie humaine, la géopolitique des semi-conducteurs et même la façon dont vous pensez. C’est exactement ce qui se passe ce 3 décembre 2025 à Palo Alto, lors de la toute dernière édition StrictlyVC de l’année.
Pourquoi cette soirée est déjà historique
Le concept StrictlyVC est simple : prendre les sujets que tout le monde découvrira dans cinq ans, les faire expliquer par ceux qui les construisent aujourd’hui, dans une salle de 200 personnes maximum. Résultat ? En 2019, Sam Altman y annonçait qu’OpenAI construirait l’AGI puis « demanderait à l’AGI comment gagner de l’argent ». Tout le monde a ri. Personne ne rit plus.
Ce soir, le plateau est encore plus dingue.
Nicholas Kelez veut rendre l’Amérique indépendante d’ASML
Chaque puce avancée sur Terre dépend aujourd’hui d’une seule technologie : la lithographie EUV extrême ultraviolet). Et cette technologie repose sur des machines géants lasers produits… par une seule entreprise néerlandaise, ASML. Une machine coûte 400 millions de dollars et les États-Unis n’en fabriquent plus depuis qu’ils ont vendu la techno à l’Europe il y a vingt ans.
Nicholas Kelez a passé vingt ans à construire des accélérateurs de particules pour le Département de l’Énergie américain. Il sait faire des choses « qui ne devraient pas être possibles ». Sa startup, xLight, reprend les principes des synchrotrons pour créer la prochaine génération de sources laser EUV, made in USA, moins chères et plus puissantes. La course est lancée : plusieurs concurrents chinois et américains veulent la même chose. Le vainqueur définira qui dominera l’IA dans la décennie à venir.
« On a inventé la techno, on l’a vendue, maintenant on va la reprendre. »
Nicholas Kelez (ex-physicien DOE, fondateur xLight)
La bague qui transforme vos murmures en texte
Mina Fahmi et Kirak Hong ont passé des années chez Meta Reality Labs après le rachat de CTRL-Labs. Ils savent lire les signaux nerveux du poignet. Leur nouvelle startup, Sandbar, vient de sortir de stealth avec la Stream Ring : une bague qui détecte les micro-mouvements de vos cordes vocales quand vous murmurez sans ouvrir la bouche, et les transforme instantanément en texte.
Pas d’assistant vocal bruyant dans le métro, pas de clavier sur téléphone. Vous pensez à voix haute (mais en silence) et ça s’écrit. Toni Schneider – l’homme qui a scalé WordPress et investi tôt dans Peloton, Ring et Fitbit – a misé gros. True Ventures suit. Si ça marche à l’échelle, c’est une nouvelle interface homme-machine qui arrive.
- Latence inférieure à 100 ms
- Autonomie 3 jours
- Compatible iOS et Android dès le lancement
- Premiers tests : 94 % de précision sur les murmures
Max Hodak redonne la vue… et prépare la suite
Max Hodak a cofondé Neuralink avec Elon Musk, puis est parti créer Science Corp. Son premier produit, l’implant rétinien Prima, a déjà rendu une forme de vision à plusieurs dizaines de patients totalement aveugles. Mais ce n’est que l’échauffement.
Il travaille maintenant sur des interfaces cerveau-machine « biohybrides » : des puces ensemencées avec vos propres cellules souches qui littéralement poussent dans votre cortex. L’objectif ? Permettre à des tétraplégiques de contrôler des ordinateurs, des exosquelettes, voire des drones, juste par la pensée – avec une résolution et une biocompatibilité jamais atteintes.
Ses mots exacts sur scène ce soir : « 2035 ne ressemblera en rien à 2025. Et on n’est même pas en retard. »
Les VC qui parient contre le consensus
Chi-Hua Chien (Goodwater Capital) et Elizabeth Weil (Scribble Ventures) ont tous les deux un palmarès qui fait mal : Twitter, Spotify, Slack, SpaceX, Coinbase, Figma… avant que quiconque y croie. Aujourd’hui, ils disent tous les deux la même chose : tout le monde se jette sur l’enterprise AI (agents, copilots, etc.) alors que les vraies ruptures sont ailleurs.
Leur thèse commune :
- L’IA applicative va se commoditiser en 24 mois
- Les infrastructures physiques (énergie, puces, biologie) resteront le goulot d’étranglement
- Les interfaces non-écran (voix, pensée, geste) vont exploser
- Les investisseurs qui comprennent la physique gagneront la décennie
« Silicon Valley investit dans le logiciel du futur avec l’infrastructure d’hier. »
Elizabeth Weil, Scribble Ventures
Pourquoi Playground Global accueille l’événement
Le fonds Playground Global, co-animateur de la soirée avec Pat Gelsinger (ex-CEO d’Intel), a une approche unique : ils embauchent des physiciens, des biologistes et des chimistes comme partners, pas seulement des financiers. Leur portefeuille compte déjà PsiQuantum (ordinateur quantique photonique), Ultima Genomics (séquençage ADN 100× moins cher) ou encore Strand Therapeutics (ARNm programmable).
Pour eux, la deep tech n’est pas un slogan marketing : c’est la seule catégorie capable de générer des licornes qui changent vraiment le monde.
Ce que ça veut dire pour vous
Si vous êtes fondateur, investisseur ou simplement curieux, cette soirée est un raccourci brutal vers 2030-2035. Les technologies présentées ne sont plus des slides : elles ont des patients qui revoient, des prototypes qui fonctionnent, des commandes gouvernementales en discussion.
En clair :
| Domaine | Startup | Impact attendu |
| Semi-conducteurs | xLight | Fin de la dépendance à ASML |
| Interface pensée | Sandbar | Remplacer claviers et écrans |
| Neuroprothèses | Science Corp | Vision artificielle + contrôle mental |
| Investissement | Goodwater + Scribble | Recentrer le capital sur la physique |
La conclusion est simple : pendant que tout le monde parle d’agents AI et de prompts, une poignée de fous furieux est en train de reconstruire les fondations physiques du futur.
Et ils viennent juste de monter sur scène pour nous l’expliquer.
Le rideau tombe sur 2025. 2026 sera… différent.