Vous souvenez-vous de l’époque où devenir médecin, avocat ou ingénieur représentait le graal absolu ? Aujourd’hui, posez la question à un ado de 15 ans : il rêve souvent d’être streamer, créateur TikTok, pro-gamer ou même tatoueur. Le fossé n’a jamais été aussi grand entre l’orientation scolaire traditionnelle et les aspirations réelles de la génération Z. C’est exactement là que Find Your Grind entre en scène… et ça vient de lever 5 millions de dollars pour accélérer.
Quand un batteur punk veut changer la vie de millions d’ados
Nick Gross. Ce nom ne vous dit peut-être rien au premier abord, mais si je vous dis le batteur de Goldfinger, le groupe ska-punk culte des années 2000, là ça parle plus. À 17 ans déjà, ce Californien vivait son rêve : son premier groupe, Open Air Stereo, explosait grâce à la télé-réalité Laguna Beach sur MTV. Une success-story complètement hors des clous.
Des années plus tard, en invitant des lycéens dans son studio d’enregistrement, il réalise une chose bouleversante : la plupart n’ont aucune idée de ce qu’ils veulent faire, et encore moins de ce qui pourrait réellement les rendre heureux. Les conseillers d’orientation leur parlent salaire et prestige, jamais de lifestyle, de valeurs ou de passions. L’idée de Find Your Grind était née.
« Les jeunes entrent dans un monde du travail qui change à toute vitesse. Beaucoup quittent l’école sans savoir qui ils sont vraiment ni ce qu’ils veulent. »
Nick Gross, fondateur de Find Your Grind
5 millions de dollars pour une vision radicale
Le 25 novembre 2025, Find Your Grind annonce une Series A de 5 millions de dollars menée par Echo Investment Capital et Gross Labs (le véhicule d’investissement du fondateur lui-même). Avec ces fonds, la startup passe à la vitesse supérieure : expansion nationale, nouveaux programmes dans les lycées, développement de l’IA intégrée… l’objectif affiché ? Atteindre plus d’un million d’élèves.
Ce n’est pas une petite levée dans l’EdTech : c’est un signal fort. Les investisseurs parient sur une remise en question complète de l’orientation telle qu’on la connaît depuis cinquante ans.
Qu’est-ce qui rend Find Your Grind si différent ?
La plateforme repose sur une philosophie simple mais révolutionnaire : avant de choisir un métier, il faut d’abord savoir qui on est et comment on veut vivre. Oubliez les tests d’orientation classiques qui vous sortent « vous seriez un excellent comptable ».
- Self-awareness : découvrir ses forces, ses valeurs, sa personnalité profonde
- Career awareness : explorer des centaines de métiers, y compris ceux qui n’existent pas encore
- Social awareness : comprendre l’impact de son futur job sur la société et l’environnement
- Action awareness : construire un plan concret post-lycée (formation, alternance, entrepreneuriat…)
Le cœur du système ? Le Lifestyle Assessment. En quelques minutes, l’élève découvre son « archétype » dominant : Entertainer, Creator, Humanitarian, Explorer, Builder… Chaque profil ouvre ensuite des parcours sur mesure avec vidéos, témoignages et étapes précises.
Des mentors qui parlent enfin le même langage que les ados
Tony Hawk qui raconte comment il a transformé sa passion du skate en empire. Will.i.am qui explique comment il a appris la musique tout seul. Des créateurs YouTube, des esports champions, des influenceuses éco-responsables… La liste des mentors est impressionnante et surtout, crédible aux yeux des 15-18 ans.
Résultat ? Les élèves ne se contentent plus de regarder des fiches ONISEP poussiéreuses. Ils voient des gens qui leur ressemblent avoir réussi en restant fidèles à eux-mêmes.
L’IA au service de l’introspection
La cerise sur le gâteau : un Reflective Coach dopé à l’intelligence artificielle. L’élève répond à des questions ouvertes, l’IA rebondit, pose des questions plus profondes, pousse à la réflexion. Un peu comme un coach personnel, mais disponible 24/7 et sans jugement.
Concrètement, ça donne des échanges du type :
« Tu dis que tu adores créer des vidéos mais que tu as peur du regard des autres. Qu’est-ce qui te fait le plus peur exactement ? »
Cette dimension émotionnelle est rarement prise en compte dans les outils d’orientation traditionnels. Pourtant, c’est souvent là que tout se joue.
Des expériences hors les murs
Find Your Grind ne s’arrête pas à une plateforme en ligne. La startup organise des Lifestyle Fairs : des salons immersifs où les élèves rencontrent des pros de l’esport, des studios de tatouage, des agences de création de contenu, des ONG… Le premier vient de lancer à Oklahoma City, d’autres villes sont déjà dans les tuyaux.
L’idée : montrer que oui, même dans une ville moyenne, il existe des jobs passionnants qui correspondent à ton style de vie.
Et la France dans tout ça ?
Chez nous, Parcoursup continue de stresser des centaines de milliers de lycéens chaque année. Les conseillers d’orientation sont débordés. Les métiers créatifs ou entrepreneuriaux restent souvent invisibles. Pourtant, la génération Z française partage exactement les mêmes aspirations que ses cousins américains : sens, liberté, créativité.
Des initiatives comme JobIRL, Myfuture ou Chance commencent à bouger les lignes, mais on reste très (trop ?) centrés sur les filières classiques. Un modèle comme Find Your Grind pourrait inspirer une vraie révolution de l’orientation à la française.
Pourquoi cette levée de fonds est un tournant
Derrière les 5 millions, il y a plus qu’une simple opération financière. Il y a la validation d’un constat : le monde du travail de 2030 n’aura plus rien à voir avec celui de nos parents. Le Forum Économique Mondial prévoit la disparition de 92 millions d’emplois d’ici cinq ans. Dans le même temps, des métiers entièrement nouveaux apparaissent chaque année.
Former les jeunes à courir après des jobs qui n’existeront plus, ou leur apprendre à construire leur propre chemin ? La réponse semble évidente.
Find Your Grind ne dit pas que les études classiques sont inutiles. Elle dit simplement : et si le plus important n’était pas LE métier, mais LA vie que tu veux mener ?
En 2025, cette question n’a jamais été aussi pertinente.
Et vous, vous auriez aimé avoir ce genre d’outil quand vous aviez 16 ans ?