Imaginez-vous en 2026 : vous levez la main, une voiture sans chauffeur s’arrête devant vous, la portière s’ouvre toute seule et vous partez tranquillement vers votre destination. Ce n’est plus de la science-fiction made in Hollywood. En Chine, ça roule déjà tous les jours. Et l’un des acteurs qui accélère le plus fort s’appelle Pony.ai.

Le 25 novembre 2025, la société cotée à la fois au Nasdaq et à Hong Kong a lâché une bombe lors de la présentation de ses résultats trimestriels : elle compte tripler sa flotte mondiale de robotaxis d’ici la fin 2026 pour dépasser les 3 000 véhicules. Quand on sait qu’elle en exploite environ 960 aujourd’hui, l’ampleur du défi est vertigineuse.

Pony.ai : la startup chinoise qui fait trembler les géants américains

Derrière ce nom un peu mignon se cache l’un des leaders mondiaux de la conduite 100 % autonome. Fondée en 2016 dans la Silicon Valley par deux anciens de Baidu et Google, James Peng et Tiancheng Lou, Pony.ai a rapidement rapatrié son centre de gravité en Chine tout en gardant une forte présence aux États-Unis.

Aujourd’hui valorisée plusieurs milliards de dollars, l’entreprise a déjà levé plus d’un milliard auprès d’investisseurs prestigieux : Toyota, IDG Capital, Sequoia China ou encore Ontario Teachers’ Pension Plan. Un CV qui fait rêver n’importe quelle startup mobilité.

Des chiffres qui donnent le tournis

Fin 2025 : objectif 1 000 robotaxis.
Fin 2026 : plus de 3 000 robotaxis.

Cela représente une multiplication par trois en seulement douze mois. Pour comparaison, Waymo (Alphabet) a mis des années pour atteindre les 700 véhicules aux États-Unis. Pony.ai veut faire mieux, plus vite, et sur plusieurs continents en même temps.

  • 960 robotaxis en service aujourd’hui
  • 1 000 visés avant la fin 2025
  • Plus de 3 000 prévus fin 2026
  • Services commerciaux déjà payants à Pékin, Shanghai, Guangzhou et Shenzhen

Une présence qui dépasse largement la Chine

Contrairement à certaines entreprises chinoises qui restent concentrées sur leur immense marché domestique, Pony.ai a une stratégie clairement mondiale.

La société a déjà signé des partenariats dans huit pays, dont Singapour, le Qatar, le Luxembourg et même la Corée du Sud. Elle travaille notamment avec Uber et Bolt pour intégrer ses véhicules dans leurs applications. Un peu comme si Waymo et Uber avaient décidé de faire équipe, mais version chinoise.

« Nous voulons devenir le leader mondial de la mobilité autonome, pas seulement en Chine. »

James Peng, CEO et cofondateur de Pony.ai

Des résultats financiers qui montrent la réalité du terrain

Derrière les annonces ambitieuses, les chiffres du troisième trimestre 2025 sont révélateurs.

Source de revenusMontant Q3 2025Croissance
Robotaxi (services payants)6,7 millions $+ explosif
Robotrucks (camions autonomes)10,2 millions $
Licences technologiques8,6 millions $
Total revenus25,4 millions $+72 %

Oui, l’entreprise perd encore de l’argent : 61,6 millions de dollars de perte nette ce trimestre. Mais c’est 46 % de plus qu’il y a un an… parce qu’elle investit massivement. La trésorerie reste confortable à près de 588 millions de dollars, même après un gros investissement dans la coentreprise avec Toyota pour la septième génération de véhicules.

Le partenariat stratégique avec Toyota : la clé de l’industrialisation

C’est probablement l’alliance la plus sous-estimée du secteur. Toyota, le numéro un mondial de l’automobile, a choisi Pony.ai comme partenaire privilégié pour développer et produire en masse des robotaxis.

La Gen-7, la prochaine plateforme, intégrera directement la suite de capteurs et le logiciel de Pony.ai dès la sortie d’usine. On parle d’un véhicule pensé dès le départ pour être autonome, pas d’une voiture classique à laquelle on ajoute des capteurs après coup.

Ce type de collaboration change tout : coûts de production qui chutent, fiabilité qui monte en flèche, et surtout la capacité à déployer des milliers de véhicules rapidement.

Pourquoi Pony.ai avance si vite (et les autres galèrent)

Plusieurs raisons expliquent cette accélération chinoise :

  • Un cadre réglementaire très favorable dans les grandes villes chinoises
  • Des tests autorisés 24h/24 dans des zones étendues
  • Une population qui adopte massivement les services sans chauffeur
  • Des coûts de main-d’œuvre et de capteurs bien plus bas qu’aux États-Unis
  • Une volonté politique claire de dominer la prochaine révolution automobile

Résultat : là où Waymo met des mois à obtenir l’autorisation d’enlever le conducteur de sécurité dans une nouvelle ville américaine, Pony.ai déploie des centaines de véhicules sans opérateur humain à Pékin ou Guangzhou depuis déjà plus d’un an.

Les défis qui restent immenses

Tripler la flotte, c’est bien. Mais maintenir la sécurité, former les véhicules à toutes les situations météo, gérer l’entretien d’une flotte gigantesque et surtout… convaincre les régulateurs hors de Chine, c’est une autre paire de manches.

La concurrence est féroce : WeRide, Baidu Apollo, AutoX, Momenta… sans parler des géants américains qui n’ont pas dit leur dernier mot. Et la moindre accident médiatisé pourrait ralentir tout le secteur.

Ce que cela signifie pour l’avenir de la mobilité

Si Pony.ai tient ses promesses, nous assisterons à la première véritable explosion commerciale des robotaxis. Des villes entières où le coût du transport pourrait être divisé par trois ou quatre. Des embouteillages réduits grâce à une coordination parfaite entre véhicules. Et peut-être la fin progressive de la propriété individuelle de la voiture.

La Chine montre la voie. Et comme souvent avec les technologies de rupture (5G, batteries, panneaux solaires…), quand Pékin décide d’accélérer, le reste du monde a intérêt à suivre le rythme.

2026 approche à grands pas. Et quelque part dans une usine près de Guangzhou, des milliers de robotaxis Pony.ai sont déjà en train d’être assemblés. Le futur de la mobilité ne se passe plus seulement dans la baie de San Francisco. Il se joue aussi, et peut-être surtout, à 12 000 kilomètres de là.

Alors, prêt à monter à bord ?

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Steven Soarez
Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.