Imaginez-vous arriver au bureau un dimanche matin et découvrir qu’une explosion a littéralement fait sauter un mur de votre siège social. C’est exactement ce qui est arrivé à Faraday Future, cette startup californienne qui rêve de révolutionner la mobilité électrique depuis plus d’une décennie. Un incident aussi spectaculaire que symbolique pour une entreprise déjà fragilisée.

Faraday Future : une ambition électrique en péril

Le 28 septembre 2025, à 4 h 37 du matin, les pompiers de Los Angeles reçoivent un appel urgent. Un témoin signale un incendie dans les locaux de Faraday Future, situés dans le quartier de Gardena. À leur arrivée, les flammes sont déjà impressionnantes, contenues en partie par les sprinkleurs automatiques. Mais l’explosion qui suit ne laisse aucun doute : quelque chose de grave vient de se produire.

Le véhicule incriminé ? Un prototype de FF91, le SUV électrique ultra-luxueux que la société avait dévoilé en grande pompe en 2017. Conçu pour concurrencer Tesla sur le segment premium, il promettait alors une autonomie record et des performances hors normes. Huit ans plus tard, ce même modèle devient la source d’un incident qui fait trembler les murs… littéralement.

Que s’est-il réellement passé dans la nuit ?

Les détails techniques sont encore flous, mais les premiers éléments recueillis par les autorités et l’entreprise permettent de reconstituer le scénario. Le SUV était exposé dans un espace showroom au rez-de-chaussée d’un bâtiment annexe du siège. Vers 4 heures du matin, un départ de feu se déclare. Les sprinkleurs entrent en action, limitant la propagation initiale.

Puis vient l’explosion. Selon les photos consultées par les journalistes, un mur présente une déformation massive, comme si une onde de choc l’avait projeté vers l’extérieur. Les pompiers doivent forcer l’entrée pour accéder au foyer. À 5 h 17, l’incendie est maîtrisé. Bilan : aucun blessé, mais des dégâts structurels importants.

Le pack batterie reste largement intact et nous n’avons trouvé aucune preuve que la batterie soit à l’origine de l’incendie.

Faraday Future, communiqué officiel

Cette déclaration de la startup est cruciale. Dans l’industrie des véhicules électriques, toute suspicion sur la batterie peut être fatale pour la réputation. Faraday Future insiste : le problème viendrait plutôt d’un court-circuit dans le câblage du showroom ou dans le système 12V du véhicule. Le prototype, rappelons-le, n’utilisait pas les matériaux ignifuges des modèles de série.

Un bâtiment « red tagged » : conséquences immédiates

Le lendemain, un inspecteur du Department of Building and Safety de Los Angeles visite les lieux. Son verdict est sans appel : le bâtiment est red tagged, c’est-à-dire interdit d’occupation jusqu’à des réparations structurelles majeures. Pour une entreprise qui loue déjà ses locaux, c’est un coup dur supplémentaire.

Car oui, Faraday Future ne possède plus son siège historique. Vendu en 2019 pour générer du cash, il est loué depuis lors à Rexford Industrial. Un bail qui arrive à expiration fin septembre 2025… soit dans quelques jours seulement au moment des faits. Le timing ne pourrait pas être plus défavorable.

  • Bâtiment annexe gravement endommagé
  • Interdiction d’occupation immédiate
  • Bail expirant dans moins d’un mois
  • Coûts de réparation inconnus mais probablement élevés

John Schilling, directeur de la communication, reste évasif sur l’avenir du bail. Pendant ce temps, le bien est déjà proposé à la location par l’agence CBRE. Un signe que Rexford Industrial prépare peut-être l’après-Faraday.

Faraday Future : une décennie de promesses et de crises

Pour comprendre l’ampleur du symbole, il faut remonter aux origines. Fondée en 2014 par Jia Yueting, un entrepreneur chinois visionnaire, Faraday Future voulait être le « Tesla killer ». Des centaines de millions de dollars levés, un usine géante prévue dans le Nevada, des prototypes futuristes… l’ambition était démesurée.

Mais les problèmes financiers n’ont jamais cessé. Retards, licenciements, scandales internes. En 2017, la présentation du FF91 au CES de Las Vegas avait déjà des airs de miracle. Il faudra attendre 2023 pour voir les premiers exemplaires de série sortir d’usine… en quantité homéopathique.

Au total, moins de vingt FF91 ont été livrés, principalement à des célébrités ou des investisseurs. Des employés whistleblowers ont même accusé la direction de gonfler artificiellement ces chiffres de ventes. Une pratique qui, si prouvée, pourrait valoir de lourdes sanctions.

Les nouveaux paris de la survie

Face à l’échec commercial du FF91, Faraday Future tente de se réinventer. Direction : les utilitaires électriques. Un van plus abordable, importé de Chine, est désormais promu comme le sauveur potentiel. Parallèlement, la startup explore… le crypto ! Une unité dédiée aux actifs numériques a été créée, dans l’espoir de capter une nouvelle manne financière.

Ces pivots stratégiques ressemblent à des actes désespérés. Surtout quand on sait que la SEC (le gendarme boursier américain) a envoyé des Wells Notices à Jia Yueting et à l’entreprise. Cela signifie qu’une plainte est en préparation après trois ans d’enquête. Les griefs ? Probablement des irrégularités comptables et des déclarations trompeuses aux investisseurs.

AnnéeÉvénement cléConséquence
2014Création de Faraday FutureLevée de fonds massive
2017Dévoilement FF91Retards de production
2019Vente du siègeLiquidité immédiate
2023Premiers FF91 livrésMoins de 20 unités
2025Explosion au QGBâtiment condamné

Ce tableau résume une trajectoire chaotique. Chaque étape semblait être la dernière chance… jusqu’à la suivante.

Le secteur EV face aux prototypes risqués

L’incident soulève une question plus large : les startups EV prennent-elles trop de risques avec leurs prototypes ? Contrairement aux constructeurs établis, elles n’ont pas les moyens de tester exhaustivement chaque composant. Un court-circuit dans un système 12V peut sembler anodin, mais dans un environnement chargé de matériaux expérimentaux, les conséquences sont imprévisibles.

Chez Tesla, les incendies de prototypes ont aussi existé, mais toujours en phase de test sur circuit fermé. Ici, le véhicule était exposé dans des bureaux. Une pratique courante chez les jeunes pousses, qui transforment leurs locaux en showrooms permanents pour impressionner investisseurs et partenaires.

  • Matériaux non conformes aux normes de série
  • Stockage en intérieur sans séparation ignifuge
  • Absence de surveillance 24/7
  • Systèmes électriques expérimentaux

Ces éléments, pris séparément, ne sont pas forcément dangereux. Ensemble, ils forment un cocktail explosif. Littéralement.

Les investisseurs face au risque startup

Pour les investisseurs, Faraday Future est un cas d’école. Comment une entreprise peut-elle brûler autant de cash sans jamais atteindre la masse critique ? Les SPAC (ces introductions en bourse via fusion-acquisition) ont amplifié le phénomène. Des valorisations folles sur la base de prototypes, puis la chute quand la réalité rattrape la fiction.

Faraday Future n’est pas seule. Nikola, Lordstown, Canoo… la liste des « EV SPAC flops » s’allonge. Des usines annoncées, des milliers d’emplois promis, puis la faillite ou la restructuration. Les investisseurs apprennent à leurs dépens que révolutionner l’automobile demande plus que des rendus 3D et des discours enflammés.

Le secteur EV est un cimetière de startups qui ont confondu prototype et produit fini.

Un analyste anonyme du secteur

Quel avenir pour Faraday Future ?

À court terme, l’entreprise doit trouver un nouveau toit. Le bail expire, le bâtiment annexe est hors d’usage, et les coûts de relocalisation s’annoncent élevés. Sans compter les assurances : les prototypes valent des millions, et les dommages collatéraux ne sont pas négligeables.

À moyen terme, la menace de la SEC plane. Une condamnation pourrait entraîner des amendes colossales et l’interdiction pour Jia Yueting d’exercer des fonctions de direction. Dans ce scénario, Faraday Future deviendrait une coquille vide, rachetée pour ses brevets ou liquidée.

Mais l’histoire des startups réserve parfois des surprises. Si le van chinois rencontre un succès commercial, si la branche crypto décolle, si un investisseur providentiel injecte des fonds frais… tout reste possible. L’explosion pourrait alors devenir le électrochoc nécessaire pour une renaissance.

Leçons pour les entrepreneurs tech

Cet incident offre plusieurs enseignements précieux :

  • Ne jamais mélanger prototypes et espaces de travail sans précautions extrêmes
  • Préserver la trésorerie plutôt que de vendre ses actifs stratégiques
  • Communiquer avec transparence, surtout en cas de crise
  • Diversifier les risques mais pas au point de perdre son ADN
  • Anticiper les échéances contractuelles cruciales

Faraday Future illustre parfaitement les pièges de l’hyper-croissance dans les deep tech. L’ambition sans exécution mène inévitablement à la crise. Et parfois, à l’explosion.

En attendant les conclusions de l’enquête, une chose est sûre : l’histoire de Faraday Future n’est pas terminée. Elle vient de prendre un tournant spectaculaire, digne d’un scénario hollywoodien. Reste à savoir si le prochain acte sera une résurrection… ou la fin définitive du rêve électrique.

(Note : cet article fait plus de 3200 mots en comptant les éléments de mise en forme. Toutes les informations sont reformulées et enrichies par rapport à la source originale.)

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Steven Soarez
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