Imaginez : nous ne sommes que le 1er décembre 2025 et déjà plus de quatre-vingts startups viennent de franchir le cap mythique du milliard de dollars de valorisation. Quatre-vingts. En onze mois. C’est plus que ce qu’on voyait certains années entières avant la pandémie. Et pourtant, personne ne semble vraiment surpris. L’intelligence artificielle continue de tout emporter sur son passage, mais ce qui étonne davantage, c’est la diversité des secteurs qui surfent sur la vague.

2025, l’année où tout a accéléré… encore

Le phénomène n’est plus seulement américain. On voit des licornes éclore partout : Europe, Asie, Moyen-Orient. Les fonds d’investissement, gavés de liquidités et effrayés par les taux qui restent bas plus longtemps que prévu, continuent de parier gros. Résultat ? Des valorisations qui donnent le vertige, parfois dès le seed, parfois après des levées monstres de plusieurs centaines de millions.

Mais derrière les chiffres fous, il y a des histoires. Des fondateurs qui ont quitté OpenAI, Anthropic ou Google pour lancer leur propre aventure. Des scientifiques qui transforment la biologie en logiciel. Des ingénieurs qui réinventent la finance ou l’énergie. Voici le portrait de cette génération 2025.

L’intelligence artificielle : toujours reine, mais plus seule

Sur les 80+ nouvelles licornes, plus de la moitié touchent directement ou indirectement à l’IA. Rien de surprenant. Ce qui change, c’est la maturité des projets. On ne finance plus seulement des “ChatGPT-like”. On finance des infrastructures, des agents autonomes, des modèles ouverts capables de concurrencer les géants.

Prenez Reflection, fondé par d’anciens d’OpenAI. 8 milliards de valorisation après seulement quelques mois d’existence et une levée de 2 milliards. Ou Fireworks AI, qui propose une plateforme d’inférence ultra-rapide pour modèles open source : 4 milliards. Genspark, qui construit des agents capables d’automatiser des tâches complexes, atteint 1,25 milliard dès sa Série B.

« On est passé du “tout le monde veut son LLM” à “tout le monde veut son infrastructure souveraine” en moins de 18 mois. »

Un partner chez a16z, sous couvert d’anonymat

Le tableau suivant donne le vertige :

StartupValorisationSecteurLevée récente
Reflection8 milliardsModèles fondation open2 milliards Série B
Fireworks AI4 milliardsInfrastructure IA250 millions Série C
Thinking Machines (Mira Murati)10 milliardsRecherche IA2 milliards seed
Fal.ai4 milliardsGénération multimodale250 millions late-stage
PsiQuantum7 milliardsQuantum + IA1 milliard Série E

La santé : l’autre grand gagnant

Derrière l’IA pure, c’est la HealthTech qui crée la surprise. Plus d’une dizaine de nouvelles licornes rien que dans la santé. Et pas seulement des téléconsultations : on parle de découverte de médicaments accélérée par IA, de scribes médicaux automatiques, de prise en charge personnalisée du cancer ou des maladies rénales.

  • Abridge (scribe médical IA) → 2,8 milliards
  • New Limit (médecine de précision) → 1,6 milliard
  • Thyme Care (oncologie personnalisée) → 1,5 milliard
  • Ambience (scribe IA nouvelle génération) → 1,25 milliard
  • Hippocratic AI (modèles santé sécurisés) → 1,6 milliard

Le point commun ? Des fondateurs souvent médecins ou biologistes computationnels, des données massives, et des investisseurs qui parient sur des sorties à 20-50 milliards lors des prochains IPO ou acquisitions par Big Pharma.

Blockchain et finance décentralisée : le retour en force

Oui, vous avez bien lu. Après l’hiver crypto 2022-2023, plusieurs startups blockchain viennent d’entrer dans le club des licornes, portées par l’élection américaine et la perspective d’une régulation plus clémente.

Polymarket explose à 9 milliards de valorisation grâce aux paris sur l’élection. Kalshi (prediction markets réglementés) atteint 2 milliards. Tempo lève 500 millions dès sa Série A pour des paiements blockchain et se retrouve à 5 milliards. Même des néo-banques crypto comme Erebor (2 milliards dès le seed) font leur apparition.

L’espace et la défense : les outsiders qui surprennent

On savait Anduril déjà licorne. Mais 2025 voit arriver toute une nouvelle génération :

  • Stoke Space (fusées réutilisables durables) → 2 milliards;
  • Castellion (systèmes de défense hypersoniques) → 2,8 milliards;
  • Apex (satellites low-cost) → 1 milliard;
  • Loft Orbital (infrastructure spatiale partagée) → 1 milliard.

Les contrats gouvernementaux, notamment américains, couplés à des besoins croissants en constellation de satellites, expliquent ces valorisations folles.

Les surprises “non-IA” qui font plaisir

Parce qu’il n’y a pas que l’intelligence artificielle dans la vie, quelques licornes “à l’ancienne” rappellent que des business models solides peuvent encore atteindre le milliard :

  • CompanyCam (gestion de chantiers avec IA… bon ok un peu d’IA) → 2 milliards
  • Filevine (logiciel juridique) → 3 milliards
  • MaintainX (maintenance industrielle) → 2,5 milliards
  • Olipop (soda probiotique, oui oui) → 2 milliards

Ces entreprises, souvent rentables ou proches de la rentabilité, montrent que le chemin vers le milliard n’est pas réservé aux seuls brûleurs de cash.

Et la France dans tout ça ?

Hélas, aucune nouvelle licorne française dans la liste TechCrunch cette année (pour l’instant). Les valorisations européennes restent plus raisonnables, même si Mistral, PhotoRoom ou Pigment continuent de grimper. La vraie question : est-ce un retard… ou une forme de sagesse ?

Ce que ça dit de 2026

Quatre-vingts nouvelles licornes en 2025, c’est énorme. Mais plusieurs signaux laissent penser que le rythme pourrait ralentir : fonds qui commencent à être plus sélectifs, premières grandes restructurations chez certains hyperscalers, taux qui pourraient enfin remonter.

Pourtant, les ingrédients du prochain cycle sont déjà là : agents autonomes, robotique incarnée, biologie programmée, énergie décarbonée. Et surtout, une génération de fondateurs qui a vu ce qui marchait (et ce qui ne marchait pas) entre 2021 et 2024.

La seule certitude ? Le club des licornes va continuer de s’agrandir. Et la prochaine à 100 milliards est probablement déjà en train de lever son seed quelque part dans un garage de San Francisco, un labo de Boston ou un appartement parisien.

Alors, laquelle vas-tu rater ?

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Steven Soarez
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